
L’école d’Athènes – Raphaël
Depuis quelques semaines, la série Lupin estampillée Netflix connaît un succès mondial, une première pour une série française produite par le mastodonte étatsunien. Si les polémiques pestilentielles et racistes qui l’ont entourée (et continuent de le faire) disent bien quelque chose de la société dans laquelle nous vivons, ce sont bien plus les réactions de mépris à l’égard d’une série accusée d’abaisser l’œuvre de Maurice Leblanc qui m’intéressent ici. Un nombre conséquent de personnes se sont effectivement saisies de l’occasion pour agonir les cultures populaires, présentées comme moins noble que la culture légitime (musée, classiques littéraires, etc.). Bien évidemment, Lupin n’est qu’un prétexte et ce mépris de classe généralisé parmi les membres des classes supérieures – et moyennes-supérieures, ceci est important – s’exprime régulièrement de manière plus ou moins dissimulée.
Les confinements successifs ont en quelque sorte joué le rôle de révélateur et de catalyseur de cette dynamique. L’appel à l’ouverture des librairies « parce que la lecture c’est essentiel vous comprenez » de la même manière que le retentissement causé par le partage par France Culture d’une émission où Bourdieu expliquait que le musée était une manière de se distinguer pour les classes supérieures sont là pour en témoigner. L’on pourrait voir dans ce sujet qu’une sorte de débat d’arrière-garde, n’intéressant que quelques personnes. Je crois au contraire que cette opposition entre la culture bourgeoise et légitime d’une part, les cultures populaires d’autre part participe grandement de la lutte des classes et a certainement pour effet d’être l’une des causes interdisant le renversement de l’ordre établi.
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