Quatrevingt-treize ou le tonnerre de la Révolution

Après m’être essayé à la critique littéraire sur des œuvres conséquentes mais pas monumentales (Martin Eden, La Part de l’autre ou encore La Peste), je m’attaque aujourd’hui à une montagne : Quatrevingt-treize de Victor Hugo. Peut-être le plus grand de tous ses romans, assurément le roman à avoir lu si on s’intéresse de près à l’Histoire de France et donc, de facto, à la Révolution, Quatrevingt-treize a une ambition énorme, certains diront démesurée : celle de rendre compte de la Révolution tout en s’engageant dans un plan beaucoup plus idéel, moral et éthique. D’aucuns y verront peut-être de l’hybris mais tout le génie de Victor Hugo est d’avoir cette ambition tout en restant humble vis-à-vis de l’Histoire.

Lantenac, Cimourdain, Gauvain. Voilà les trois personnages centraux de ce roman monumental. Le marquis de Lantenac est l’âme de l’insurrection vendéenne à la tête des partisans de la contre-Révolution. Cimourdain est l’incarnation du stoïcisme et de l’inflexibilité intraitable des délégués de la Convention et du Comité de Salut Public. Gauvain, enfin, neveu de Lantenac et donc noble, a rejoint le peuple et lutte pour la République. Il est également la figure de l’Homme qui place ses idéaux d’égalité et de justice au-dessus de toute autre considération. Tout, ou presque, semble donc opposer les trois protagonistes à l’ouverture du roman. Et pourtant, tout au fil du roman les positions vont fluctuer jusqu’au livre dernier, celui de l’apocalypse.
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