La police, gardienne de la paix ou force de l’ordre social (4/4): au-delà de la police

Police et justice, alliées ou adversaires ?

 

Nous entendons souvent que la police et la justice sont en conflit. On ne compte, en effet, plus le nombre de fois où des policiers expliquent qu’ils font leur travail mais que la justice libère rapidement les délinquants qui peuvent ensuite les narguer. L’opposition entre police et justice aura d’ailleurs été pleinement – et peut-être de manière la plus éclatante – incarnée au début du quinquennat de François Hollande : l’histoire tumultueuse voire conflictuelle que l’on nous a présentée entre Manuel Valls le Clémenceau des temps modernes et Christiane Taubira représentée en Garde des Sceaux laxiste a sans doute plus que jamais assis l’idée que la police et la justice étaient en compétition, voire en conflit ouvert. C’est ainsi que nous avons vu se mettre en place de manière prégnante le mythe d’une police, représentée par le martial Manuel Valls, garante de l’ordre tandis que la justice, représentée par la laxiste Christiane Taubira, était vue comme plus compréhensive. Il me semble que cette représentation des choses est un mythe. La police et la justice ne sont pas des ennemies mais travaillent bien de concert dans un même but de normalisation. Lire la suite

La police, gardienne de la paix ou force de l’ordre social ? (3/4): leur apporter la catastrophe

Les épouvantables conditions de travail

 

Critiquer l’institution policière et les agissements des policiers sans parler de leurs conditions de travail serait à la fois malhonnête et totalement injuste. Je crois en effet que parler des violences policières sans évoquer en retour la violence que peuvent subir les policiers (qu’elle soit symbolique ou physique) ne rime à rien et est totalement absurde au sens camusien du terme. « L’absurde, écrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe, naît de l’appel humain et du silence déraisonnable du monde ». Le philosophe nous explique donc que l’absurde ne réside pas dans l’un ou l’autre des éléments mais bien dans leur confrontation si bien que celui-ci est avant tout vu comme un divorce dans son œuvre. Il me semble pleinement pertinent d’adopter ce cadre de lecture pour aborder les conditions de travail des policiers. Dans un de ses morceaux, Kery James dresse un réquisitoire violent contre l’ensemble des politiciens et explique qu’entre « [eux] et la rue, y a plus que les CRS ». En divorçant d’avec le peuple, les irresponsables responsables politiques, cette caste qui se croit tout permis, a effectivement aggravé les relations entre la police et la population puisque l’institution est désormais le dernier rempart pour mater les contestations populaires – comme on l’a vu au printemps 2016 lors de la contestation de la loi travail et de Nuit Debout. Aussi voyons-nous se mettre en place une violence à l’égard de certains policiers de la part d’habitants de quartiers relégués. C’est finalement le principe vieux comme le monde et mis en évidence par René Girard qui est à l’œuvre ici : celui de la vendetta, de la vengeance. Lire la suite

La police, gardienne de la paix ou force de l’ordre social ? (2/4): la police, institution symbolique

La première interface de l’Etat

 

Qu’est-ce qu’un symbole sinon une chose qui renvoie à autre chose qu’à elle-même ? L’institution policière me semble, à ce titre, être pleinement symbolique puisqu’elle renvoie de manière évidente à autre chose qu’à elle-même. Bras armé de l’Etat central elle est à la fois la première interface de l’Etat avec sa population en même temps que le chien de garde le plus redoutable du système en place. Par-delà la question de la répression elle-même, l’institution policière renvoie à l’ordre, à l’autorité et en ce sens elle est l’un des premiers marqueurs pour analyser la politique d’un gouvernement ou d’un Etat. Il n’est d’ailleurs pas anodin que dans tous les Etats totalitaires, la police ait une place prépondérante puisque cette institution donne finalement le ton de toute la politique menée sans parler des questions économiques et sociales – si tant est qu’il soit réellement possible de dissocier totalement ces différents thèmes, ce que je ne crois pas. Bien plus que ses actes, ce qui est intéressant lorsque l’on tente d’analyser l’institution policière est d’interroger les grandes dynamiques dans lesquelles elle s’insère. C’est en cela qu’elle est particulièrement symbolique puisque loin d’être signifiante en elle-même son action ne prend sens que si l’on prend de la hauteur et qu’on l’intègre à une articulation à la fois complexe et systémique. En ce sens, tenter d’analyser les violences policières, physiques ou symboliques, sous le seul prisme des rapports entre les policiers (individus) et la population nous fait passer à côté d’enseignements fondamentaux sur la structure politico-économique même d’un Etat. Lire la suite

La police, gardienne de la paix ou force de l’ordre social ? (1/4): tout le monde déteste la police ?

Déjà en 1995, La Haine parlait des violences policières et de de leur impunité. Le point de départ de cette réflexion est un constat d’échec, d’immobilisme treize années après la mort de Zyed et Bouna dans un transformateur EDF, mort qui aura servi d’étincelle à l’embrasement des banlieues en 2005. Les années passent mais le problème demeure, il s’approfondit même puisque les violences policières ont, au cours du quinquennat précédent, allégrement dépassé le cadre de la banlieue et des milieux populaires. De la mort de Rémi Fraisse sur le barrage de Sivens à celle d’Adama Traoré, de l’image choc du policier frappant violemment un lycéen d’Henri Bergson à Paris aux violences récurrentes vis-à-vis du mouvement social contre la loi travail, du cynisme avec lequel le gouvernement a instrumentalisé les casseurs pour mieux discréditer Nuit Debout à l’indécence des syndicats policiers plaidant le malheureux concours de circonstances dans le viol du jeune Théo par une matraque à Aulnay-sous-Bois, la violence policière et ses conséquences sont devenues progressivement à la fois plus endémiques et plus systémiques. A chaque bavure, à chaque violence, on nous explique qu’elle est le fruit de quelques vilains petits canards – quand celles-ci sont reconnues, ce qui reste tout à fait exceptionnel – alors même que la fracture entre la population et la police – théoriquement chargée de la protéger – s’accroît chaque jour. De la mort de Malik Oussekine en 1986 à celle d’Aboubakar Fofana il y a quelques jours c’est la même sempiternelle question qui ressort : si la police doit nous protéger, qui nous protégera de la police ?

Dans le même temps – et de manière assez exceptionnelle – les policiers ont manifesté leur mécontentement durant la fin de l’année 2015 en réclamant un élargissement de leur droit à la légitime défense en même temps que la possibilité de porter leurs armes en dehors de leurs heures de service. Sans doute effrayé par les manifestations qui prenaient de l’ampleur, le gouvernement a accédé à une partie de leurs demandes. Il est assez intéressant de constater que lesdites demandes ne concernaient pas plus de moyens – alors même que, nous le verrons, cette question est primordiale – mais bien une augmentation de leurs prérogatives et in fine l’augmentation de la violence légitime de la part de l’Etat. Voilà le tableau qui se dresse devant nous à savoir celui d’une police de plus en plus discréditée et toujours plus revendicative. Pour être juste, il est bien plus question à l’heure actuelle d’une forme de polarisation manichéenne autour de la question policière que d’une défiance grandissante. Nombreux sont ceux à soutenir aveuglément les policiers, à commencer par Marine Le Pen. Il faut dire qu’une part grandissante des forces de l’ordre votent désormais pour le Front National (de nombreuses enquêtes affirment que le parti d’extrême-droite a une majorité absolue au sein de ce corps de la population). Il ne s’agit pourtant pas de s’intéresser aux individus, qui s’ils doivent être condamnés le seront par la justice. Il est, à mon sens, bien plus important et en même temps délicat de s’attaquer aux grandes tendances et donc d’interroger l’institution policière plutôt que ses agents. S’atteler à une telle critique suppose de ne pas reculer devant les conclusions radicales qu’une étude de ce genre ne manquera pas d’entrainer. En somme, plutôt que de se borner à une analyse de l’institution policière, il s’agit de raisonner de manière systémique. Lire la suite

Et maintenant on fait quoi ? (3/3): passer à l’offensive

Réinventer un imaginaire

 

Je l’ai dit tout au fil des deux premières parties, les raisons profondes de la victoire du capital puisent assurément leur source dans notre incapacité, à gauche, à mettre en place un autre imaginaire. Tout se passe en effet comme si nous étions réduits à défendre les conquis sociaux sans pouvoir proposer ou imaginer autre chose. En somme, il convient d’arrêter d’agir comme si le capitalisme était l’horizon indépassable et que nous étions condamnés à nous battre pour sauver les miettes qu’il veut bien nous laisser. Sortir de cette position pour mettre en place un autre imaginaire qui sorte du cadre capitaliste est une impérieuse nécessité. Si nous ne le faisons pas, toutes les batailles – même celles gagnées – nous mèneront droit à la défaite. Pire encore, ce qui peut parfois avoir l’apparat de la victoire est souvent quelque chose qui in fine renforce le système économico-politique en place. Tant que nous n’acceptons pas la radicalité qui induit de penser en dehors et contre le cadre actuel, nous serons piégés. C’est même sans doute là le piège suprême du capitalisme, concéder une relative défaite en escomptant une victoire plus grande encore dans un futur proche et nous voir courir dans le cercle telles des souris prises au piège. Lire la suite

Et maintenant on fait quoi ? (2/3): l’occasion

Les populations lasses et agacées

 

Je le disais en première partie, Emmanuel Macron porte à son paroxysme une logique que l’on nous rabâche depuis des décennies : il faut faire des économies, il faut améliorer la compétitivité, il faut en finir avec les privilèges de la fonction publique ou des cheminots, il faut réduire la dette, il faut réduire le déficit. Cette litanie d’injonctions, loin d’être exhaustive, est répétée jusqu’à l’écœurement par la caste au pouvoir depuis longtemps. Ce discours qui se cache derrière les oripeaux de l’équité et de la justice a fini par lasser et agacer fortement les populations. Lors de sa visite au salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a en partie justifié la réforme de la SNCF et du statut du cheminot par la grande précarité dans laquelle vivent un grand nombre d’agriculteurs. Il n’est pas normal, a-t-il dit en substance, que les cheminots aient accès à ce qu’il appelle des privilèges alors même que les agriculteurs ont un salaire de misère. Cette stratégie de la division de la population que met en place le capitalisme est assurément l’une de ses armes les plus puissantes. « C’est peut-être le paradoxe le plus spectaculaire, écrit Fréderic Lordon dans son dernier billet de blog, et la performance la plus remarquable, du néolibéralisme que d’avoir produit à ce point le sentiment de la solitude quand il maltraite identiquement un si grand nombre de gens. Faire de la politique, c’est défaire la solitude ». En réalité, la solitude quand elle est partagée en grand nombre devient presque automatiquement solidaire arrivée à un certain point. Quand il y a une masse de solitaires, ces solitaires deviennent solidaires de la notion même de solitude. La suite de ce constat c’est assurément l’éveil et le travail à l’unité ou le retour inconscient dans la chaine de la solitude qui broie des vies. Lire la suite

Et maintenant, on fait quoi ? (1/3): l’ère Macron

Depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu moins d’un an, Emmanuel Macron a mené à toute vitesse une politique de classe sans vergogne. Profitant de la relative apathie des classes populaires et de la population en général après une campagne électorale marathon, il a pris le parti de mettre en place ce que bien des éditorialistes se plaisent à placer sous le vocable de Blietzkrieg, à savoir une guerre éclaire. Le rêve de l’oligarchie de Bercy se voit exaucé avec l’arrivée au pouvoir de l’un des leurs et la mise au pas du pays dans ce qui constitue assurément une stratégie du choc si chère à Naomi Klein. Le monarque présidentiel, profitant du pouvoir que lui confère les institutions de la Vème République, a clairement mis en place son storytelling, imposer un certain imaginaire qu’il a conçu pendant la campagne et gouverner au profit de la petite minorité de Français qui l’a porté au pouvoir. Il faut reconnaitre au successeur de François Hollande une certaine habileté politique dont on le pensait incapable au départ. Il faut dire que la comète Macron ne cesse de déjouer les pronostics depuis son entrée en campagne. Beaucoup de monde, moi y compris, considéraient que sa stratégie était vouée à l’échec. Monsieur Macron ne pouvait pas gagner l’élection présidentielle, il le fit. Monsieur Macron n’aurait pas de majorité à l’Assemblée nationale pour gouverner une fois élu, il l’obtint. Monsieur Macron ne parviendrait pas à faire passer les ordonnances démantelant le code du travail sans provoquer le blocage du pays, il réussit sans trop d’encombres à les faire adopter.

Voilà donc près d’un an que le locataire de l’Elysée affiche une insolente réussite. L’on pourrait, c’est assez aisé et confortable, se dire que ledit locataire ne profite que de sa bonne étoile, du fait que la vie politique française est un champ de ruines et que, finalement, ce n’est qu’un pur hasard que tout cela se produise. On peut aussi, c’est mon parti, dire qu’au contraire, Emmanuel Macron est la suite d’une logique qui nous gouverne depuis des décennies et qu’il est à la fois l’aboutissement et le climax de cette tendance, celle qui sous couvert de moderniser le pays le livre aux politiques néolibérales qui font exploser inégalités et pauvreté. Je crois également qu’il faut reconnaitre à Emmanuel Macron une qualité certaine dans la tentative d’imposer un imaginaire en même temps que de porter une attaque à la fois systémique et globale. Le moment Macron comme certains l’appellent – je lui préfère l’expression d’ère Macron, bien plus parlante à mes yeux – est peut-être, c’est ma conviction, l’enclenchement d’une forme de lutte finale. Le capital triomphant se sent désormais tout puissant dans ce pays pour attaquer le système social de ce pays hérité du CNR et qui fut l’occasion de le faire reculer. Après avoir avancé durant plus d’un demi-siècle, voilà ce capitalisme au faîte de sa puissance et prêt par le biais de Macron à tenter de s’imposer définitivement. Pour autant, cette ère Macron est également le moment où l’hybris de ce capitalisme qu’il représente est à son apogée. En cela, les événements actuels me semblent être une occasion pour cesser d’être dans une posture défensive et repasser à l’offensive vis-à-vis du capital. Lire la suite

Pour le droit à un logement digne (3/3): refuser la fatalité

Logement et dignité

 

Si la question du logement est si importante, c’est précisément parce qu’elle conditionne une multitude d’autres éléments dans la vie de chaque personne. Il ne s’agit pas ici d’évoquer les personnes qui assoient leur statut social en habitant des châteaux – toute ressemblance avec des femmes ou hommes politiques ne saurait être que fortuite – mais bien plus de mettre en évidence comment l’accession à un logement digne et décent permet de se construire socialement. Lorsque l’on est SDF ou que l’on vit dans un logement miteux, ce n’est pas la seule question de l’habitation qui est contaminée par cet état de fait. Au contraire, avoir un logement décent permet à chaque personne de gagner en dignité et, osons le mot, de permettre à chacun de ne pas voir son humanité sombrer. Qui n’a jamais vu dans les transports en commun ou dans la rue des SDF incapables ou presque de s’exprimer sans baragouiner quelques mots incompréhensibles tellement la rue et la vie les avaient marqués ? La problématique de santé publique est évidente. Comment penser que vivre dans la rue ou dans un logement indécent comme les damnés du froid évoqués plus haut n’a aucune conséquence sur la santé ? Où est l’égalité inscrite au fronton de nos bâtiments quand des enfants, des femmes et des hommes attrapent des maladies chroniques en raison de leur lieu d’habitation insalubre ou que des personnes meurent dans la rue devant l’indifférence générale ? Lire la suite

Pour le droit à un logement digne (2/3): les Misérables des temps modernes

Les invisibles de notre pays

 

Dans le si beau, parce que si triste, roman de Victor Hugo, que définit les Misérables ? Une caractéristique particulière qui les réunit tous. Alors certes, chacun des héros a son histoire propre, ses attributs singuliers, son parcours erratique mais un dénominateur commun réunit tous les Misérables de ce livre : celui de l’absence d’identité propre. La forme du roman ne fait que sublimer cette idée : tantôt omniscient, tantôt interne, tantôt externe, le narrateur oscille entre différentes approches littéraires si bien que nous finissons par nous perdre, et c’est l’effet voulu. Le narrateur est l’égal des personnages, à savoir une personne en mal d’identité. Les Misérables, ce sont Jean Valjean obligé de changer plusieurs fois de noms, Cosette brimée par les Thénardier et qui ne connaît que tardivement sa réelle identité, Gavroche qui est un enfant des rues que personne ne reconnaît, Javert qui finit sous les eaux de la Seine ou encore les Thénardier contraint de vivre sous un nom d’emprunt pour demander l’aumône et commettre leurs forfaits. Lire la suite

Pour le droit à un logement digne (1/3): le constat accablant

En janvier dernier, la Fondation Abbé Pierre publiait son 22ème rapport annuel sur l’état du mal logement dans notre pays. On pourrait dire de manière euphémique qu’il est mauvais. Le mal logement, qui concerne les sans-abris mais aussi les personnes mal logées ou sans logement personnel, progresse dans notre pays. Alors que la France est la cinquième ou sixième puissance économique mondiale, un nombre grandissant de nos concitoyens vivent dans le dénuement le plus total ou presque. C’est un autre des symptômes de l’explosion des inégalités dans notre pays. L’hiver que nous avons vécu l’année dernière a été très rude avec des températures parfois bien en-deçà de zéro degré et celui qui arrive sera sans doute tout aussi rude, ce qui souligne l’urgence de se battre pour offrir à chacun un logement digne. Sporadiquement nous voyons surgir dans l’actualité des situations qui nous paraissent intolérables. Récemment, c’est un reportage d’Envoyé Spécial sur les personnes contraintes de vivre dans 9m² ou moins qui a ramené quelque peu sur le devant de la scène ce sujet. De temps à autres nous entendons parler de tel ou tel SDF mort de froid en hiver – en oubliant ou en feignant d’oublier que les SDF meurent autant l’été que l’hiver – ce qui provoque la stupeur dans l’opinion publique mais très rapidement cette info est chassée par une autre dans la tyrannie de l’instant que nous vivons.

« La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ». Ces phrases sont les 10ème et 11ème alinéas du préambule de la Constitution de 1947, qui fait partie des textes à valeur constitutionnelle. Ils affirment le droit fondamental, mais non sanctionné juridiquement, à un logement que tout citoyen a. Cité par la loi Quilliot du 22 juin 1982 (« Le droit à l’habitat est un droit fondamental »), puis par la loi Mermaz du 6 juillet 1989, le droit au logement est l’objet principal de la loi du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au logement, dite loi Besson. Cette loi affirme que « garantir le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation ». Ce droit ne signifie pas que la nation a l’obligation de fournir un logement à toute personne qui en fait la demande, mais qu’elle doit apporter une aide, dans les conditions prévues par ladite loi, aux personnes qui remplissent les conditions pour en bénéficier. Nicolas Sarkozy lui-même affirmait lors de la campagne électorale de 2007 que lui président, « plus personne ne [serait] obligé de dormir dehors et de mourir de froid ». Dix longues années après cette énième promesse non tenue, le nombre de SDF a explosé et notre pays, qui se pâme d’être développé, laisse encore vivre dans la rue, dans le froid et mourir trop de ses enfants. Il est urgent de réaffirmer le droit fondamental à un logement digne et à l’appliquer réellement loin des incantations et autres effets d’annonce. Ce sont les vies de milliers de personnes qui sont en jeu, ainsi que l’honneur d’une Nation. Lire la suite