Il y a 101 ans, Raoul Villain (le bien nommé) assassinait Jaurès au café du croissant. A l’époque, certains se sont réjouis de cette mort violente. Il faut dire que celui qui a réussi la prouesse d’unifier les différentes chapelles socialistes n’était pas bien vu par la presse réactionnaire et belliqueuse. Lui le pacifiste forcené n’avait eu de cesse d’alerter la population sur le désastre que constituerait une guerre contre l’Allemagne. Il fut menacé de mort pour cet engagement en faveur du dialogue et non de la violence, en faveur des mots plutôt que des balles. Il payera de sa vie cette position inflexible et courageuse. Et toute sa grandeur est résumée dans cette position, jamais il n’a renoncé à ses idéaux.
Le grand paradoxe avec Jaurès c’est, qu’aujourd’hui, tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il était un grand homme et qu’il fait partie des hommes politiques français les plus marquants alors même qu’il est parfaitement à l’opposé des valeurs qui régissent notre société. Viscéralement de gauche, il n’opposait pas l’idéal et le réel comme on le fait bien trop souvent de nos jours. Au contraire, en affirmant que «le courage c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel», il réunit ces deux concepts que l’on tente à tout prix d’éloigner l’un de l’autre. Jaurès n’aura jamais été président du conseil au contraire de Clémenceau, son grand adversaire. D’aucuns y voient le signe de la défaite de Jaurès. Je suis plus enclin à y voir le signe de sa victoire mais une victoire beaucoup plus symbolique, celle des idées.
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