
Bâteaux de pêche hollandais dans la tempête – J.M.W Turner
Le 16 octobre dernier, alors qu’environ un tiers des Français s’apprêtaient à entrer dans une période de couvre-feu en raison de la recrudescence du coronavirus, c’est tout le pays qui s’est soudainement vu placer sous une chape de plomb. L’assassinat sauvage de Samuel Paty par un jeune homme fanatisé a effectivement convoqué des souvenirs douloureux des attentats de 2015 et 2016. Quasiment un an jour pour jour après l’attaque au couteau effectuée par Mickaël Harpon au sein de la préfecture de police de Paris, un professeur d’histoire a été décapité – ce qui n’est pas sans ajouter de l’horreur à l’horreur – pour avoir projeté à ses élèves des caricatures tout en prenant soin de proposer à celles et ceux qui pourraient se sentir choquer de sortir de la salle.
Après Charlie Hebdo, après l’Hypercasher, après le Bataclan, après un religieux, après la promenade des Anglais, après bien d’autres cibles c’est désormais l’école et l’enseignement de l’esprit critique qui ont été pris pour cible. Il y a un an, après l’affaire Mickaël Harpon, nous avions assisté à une forme de folie vengeresse bien loin de la rationalité que nécessite un tel combat face aux terroristes. Aujourd’hui, la dynamique semble aller encore plus loin. Quelques jours avant le lâche assassinat de Samuel Paty, le débat public avait effectivement été focalisé sur la question du séparatisme. Ce drame a ainsi donné une latitude presque totale aux tenants des solutions extrêmes et de la haine à l’encontre non seulement des musulmans mais plus largement de toutes celles et ceux qui défendent leurs droits à vivre comme les autres en France.
Lire la suite