Il n’y a qu’un ministère vraiment important en France : c’est celui de l’Intérieur. La formule, si elle se veut provocante, n’est pourtant pas forcément usurpée tant l’actualité et les thèmes récurrents dans le débat public de notre pays tournent autour des prérogatives de ce ministère. Mardi matin, pour remplacer le démissionnaire Valls lancé dans sa quête de l’Elysée, François Hollande a nommé Bernard Cazeneuve, son ancien ministre de l’Intérieur. Tout le monde s’est attardé sur le fait que le Président a récompensé un fidèle parmi les fidèles mais assez peu de monde s’est finalement intéressé au fait que le nouveau pensionnaire de Matignon venait de la place Beauvau.
Il ne s’agit évidemment pas de s’épancher sur le cas de ce pauvre Bernard Cazeneuve – qui a tout de même réussi l’exploit d’avoir un bilan déplorable sur presque tous les plans et de devenir chef du gouvernement – mais bien plus de s’interroger sur cette tendance lourde depuis plus d’une décennie qui veut que le ministère de l’Intérieur soit devenu une place centrale dans nos institutions et produise d’authentiques chefs en puissance – ce qui n’est pas très rassurant. Les trois derniers Premiers ministres qui ont été remplacés en cours de mandature (Raffarin, Ayrault et donc Valls) l’ont tous été par celui qui occupait la place Beauvau dans le gouvernement précédent (respectivement De Villepin, Valls et Cazeneuve). Un quatrième larron a même sauté directement de la place Beauvau à la rue du Faubourg Saint-Honoré sans passer par la case Matignon. Loin de n’être qu’un épiphénomène, il me semble que cette tendance nous en dit beaucoup sur l’état de notre pays et de notre démocratie. Lire la suite