Voilà désormais une dizaine de jours que la France vit au rythme des gilets jaunes et de leurs actions diverses et variées. Si les incidents qui ont émaillé la journée de samedi ont retenu l’attention, c’est à un véritable mouvement de fond que nous assistons. Bien qu’Emmanuel Macron ait tenté de répondre aux revendications des gilets jaunes dans un discours qui, semble-t-il, était assez fade et creux, il est peu probable que les mots adressés par le locataire de l’Elysée affaiblissent le mouvement – un affaiblissement qui pourrait venir de l’intérieur avec l’autodésignation de représentants du mouvement. Il n’en demeure pas moins que c’est à un mouvement à la fois inédit et protéiforme que nous assistons depuis quelques semaines.
Nombreux ont été les analystes ou les personnalités politiques à tenter d’analyser ou de capter le message desdits gilets jaunes, sans réelle réussite. Il faut dire que les revendications des personnes mobilisées sont extrêmement diverses et que le seul mot d’ordre qui semble se détacher soit le désormais repris presque partout en France « Macron démission ». Cette difficulté à saisir les revendications du mouvement est sans doute inhérente à la forme même de la mobilisation, aux profils des personnes mobilisées (qui semble-t-il ne sont pas des manifestants habituels) ainsi qu’à la grande variété desdites revendications. Pourtant, il ne me parait pas absurde d’affirmer que ce qui importe le plus n’est pas tant les revendications du mouvement que ce qu’il nous révèle en entrant en résonnance avec d’autres mouvements récents dans le pays dans le sens où il s’inscrit dans la continuité de bien des mouvements sociaux très récents. Lire la suite