La grande mascarade (sur le 49-3, les motions de censure et le reste)

Stanczyk – Jan Matejko

« Le soutien de l’extrême droite ne vous aura pas suffit. Mais ce qui s’est passé ce soir, cette alliance que vous ne reniez pas, est grave. Il est temps que la gauche républicaine, socialiste, écologiste, se ressaisisse et quitte un bateau Nupes en pleine dérive ». En un tweet et 48 mots, Olivier Veran, porte-parole du gouvernement, a une nouvelle fois fait l’étalage, mardi dernier, du cynisme et de l’hypocrisie du pouvoir en place. La raison ? Le vote, par le Rassemblement National, de la motion de censure déposée par la NUPES à la suite de l’utilisation de l’article 49 alinéa 3 par le gouvernement pour faire adopter son budget sans passer par un vote de l’Assemblée nationale.

Cette séquence n’est finalement que la suite logique dans la stratégie d’un pouvoir minoritaire et qui n’a d’autre choix que la radicalisation s’il souhaite imposer son programme antisocial. La volonté de rapprocher voire de faire coïncider l’extrême-droite avec la NUPES n’est effectivement pas une stratégie nouvelle et si la manœuvre du RN – nous y reviendrons – a bien aidé le gouvernement dans cette approche, celle-ci n’en demeure pas moins une bouffonnerie visant à détourner l’attention de l’état de faiblesse croissant dans lequel se retrouve le monarque présidentiel et sa cour.

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49-3, l’hideux chant du cygne

A quoi reconnaît-on le crépuscule d’un système à bout de souffle ? Précisément au fait qu’il précipite lui-même sa chute dans une forme de fuite en avant complètement irrationnelle et absurde au sens camusien du terme. « L’absurde, écrit le Prix Nobel de littérature dans Le Mythe de Sisyphe, naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». Le 49-3 a donc, sans surprise, été dégainé par l’exécutif, ce même exécutif qui a affirmé le 14 avril dernier qu’il était favorable à la démocratie participative. Le moment que nous vivons est profondément absurde entre un appel toujours plus fort et une surdité toujours plus poussée du gouvernement qui a ajouté hier, par l’intermédiaire de son Premier ministre, le mépris au reniement et à la félonie.

« Je renforcerai les pouvoirs du Parlement » affirmait François Hollande dans ces soixante engagements. Quatre années après son élection, le voilà qui le méprise et utilise un outil constitutionnel certes, mais un outil qui nie le débat et le processus parlementaires et surtout un outil que le Président comme le Premier ministre n’avaient pas manqué de fustiger alors qu’ils étaient dans l’opposition. Ci et là nous entendons que l’usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution est un passage en force du gouvernement. Je suis bien plus enclin à y voir un aveu de faiblesse. En revanche, si le recours à ce procédé est un hideux chant du cygne, il ne l’est pas simplement pour un pouvoir contesté par la rue et mis en minorité par son camp. Ce crépuscule, me semble-t-il, touche l’ensemble de la classe politique et de notre système complètement exténué.

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