Mardi, lors de son dernier meeting à Dijon (et dans six autres villes de France de façon holographique), Jean-Luc Mélenchon a conclu son discours en citant le poème « Et un sourire » de Paul Eluard. Quelques instants plus tôt il a exhorté les militants de la France Insoumise à organiser des apéros ce soir pour terminer la campagne dans la joie et la bonne humeur. Il a lui-même laissé entendre que vendredi soir Pablo Iglesias, le leader de Podemos, serait présent à ses côtés. Six jours plus tôt, le candidat de la France Insoumise avait affirmé lors de son discours à Lille que « nous ne faisons ni alliances, ni soupe de sigles : nous entraînons le peuple dans une direction entièrement nouvelle ».
Cette phrase, au-delà du message de refondation qu’elle défend, est porteuse d’une charge symbolique assez forte. En effet, en parlant de soupe de sigles, Mélenchon a fait rendu un hommage discret mais appuyé aux mairies rebelles espagnoles. C’est effectivement les plateformes citoyennes qui ont notamment pris les villes de Barcelone, de Madrid ou encore de Saragosse lors des dernières élections municipales espagnoles qui ont les premières refusé les soupes de sigles. Dans son excellent livre, Squatter le pouvoir, les mairies rebelles d’Espagne, le journaliste Ludovic Lamant explique bien à quel point ces plateformes ont récusé d’emblée toute sopa de siglas c’est-à-dire toute alliance politicienne avec des partis. Il ne me semble pas absurde de voir dans la démarche de la France Insoumise une forme de miroir de ces plateformes citoyennes quand bien même les différences sont bien présentes et ne doivent pas être occultées. Lire la suite