La grande imposture (sur la romantisation de l’ascension sociale)

La grotte de Calypso – Jan Brueghel l’Ancien

Alors même que la situation d’une grande partie des étudiantes et étudiants est très préoccupante, le gouvernement préfère discuter avec des influenceurs. Cela en dit assurément très long sur la manière dont le pouvoir envisage la représentativité et s’acharne à rester dans une certaine zone de confort. Plus largement, cette séquence politico-médiatique nous démontre une nouvelle fois à quel point toute une partie de la population peut se retrouver invisibilisée dans un simulacre de représentation. Cette dynamique ne concerne bien évidemment pas seulement les étudiants, l’on pourrait dérouler à l’envi la liste des faux représentants mis en avant par l’ordre établi pour ne pas discuter avec les principales personnes concernées.

À ce petit jeu, un grand nombre des figures médiatiques prétendant représenter les personnes ayant connu une ascension sociale ne font pas exception. Encore une fois, il ne s’agit pas tant de s’attarder sur les personnes que de s’intéresser aux dynamiques profondes ainsi qu’aux structures qui sont bien plus assurément les éléments qui nous enseignent le plus de choses. Il n’en demeure pas moins vrai que la plupart des profils mis en avant participent à une forme de romantisation de l’ascension sociale (quand il ne s’agit pas purement et simplement de mensonges) qui, en soulignant des parcours particuliers, se vide de tout discours réellement critique et offensif à l’égard de l’ordre établi. Une imposture en somme, qu’il convient d’urgemment déconstruire pour mieux critiquer ledit ordre.

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Plaidoyer pour des cours d’histoire des religions

« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée ». Et si, en écrivant cette phrase il y a plus de 50 ans, Albert Camus nous donnait une piste pour aborder la crise identitaire que nous vivons actuellement en France ? Bloqué entre les réactionnaires et les tenants d’un angélisme béat, le débat public français n’avance pas. La France est en pleine crise identitaire, il ne s’agit plus de le nier mais d’aborder le débat de manière sereine et apaisée sans tomber dans les faux-semblants ou l’opprobre à l’encontre de telle ou telle communauté.

Attentats sanglants, polémique sur le voile, discours belliqueux de nos dirigeants soit autant d’éléments qui concourent à tendre la société française et à la faire parvenir à ébullition. Loin de tout argument rationnel et réfléchi, on entend que l’Islam ne serait pas compatible avec la République ou qu’il y aurait une différence fondamentale entre musulmans et non-musulmans – et ce, de la part de musulmans et de non-musulmans. Entre une laïcité dénaturée et une xénophobie de plus en plus assumée, la France se perd et perd un temps précieux dans le débat sur son identité. Non il n’est pas pestilentiel de parler d’identité mais les manières dont le débat est abordé sont, elles, propices à la fracturation de la société. Plutôt que de penser contre, réapprenons à penser ensemble.
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