La décentralisation en quelques lignes

Dans quelques semaines se tiendront les élections municipales dans notre pays. S’il est évident qu’avec l’actualité nationale de ces derniers temps – des gilets jaunes aux long mouvement social contre la réforme des retraites – ces élections semblent quelque peu reléguées d’un point de vue de l’intérêt des citoyens (les médias, à n’en pas douter et on le voit déjà, vont se régaler avec le traitement des municipales), elles demeurent toutefois les élections locales qui intéressent le plus les Français. Nous sommes évidemment bien loin de la caricature voulant que 90% de la population connaissent son maire mais bien plus que les départementales ou les régionales, les élections municipales restent un moment de relative forte participation.

Il est toutefois indéniable que l’intérêt est décroissant dans l’esprit des Français à l’égard de ces élections. S’il y a bien évidemment une multitude d’explications à cette tendance (un rejet plus global du système représentatif, l’impression d’une indifférenciation des projets politiques municipaux, etc.), celle postulant un pouvoir assez limité dévolu aux maires me parait être importante. Trop souvent présentées comme des élections nationales visant à sanctionner ou (très rarement) conforter le pouvoir en place, les municipales ne sont pas traitées comme ce qu’elles sont, c’est-à-dire une élection locale qui a des conséquences sur le quotidien des administrés. Derrière ce grand flou se cache indéniablement la question de la décentralisation et de ses dévoiements.

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Décentralisation, la grande farce

Comme chaque année à la même époque, le congrès des maires de France se tient actuellement. L’association des maires de France, dirigée par François Baroin, est très critique à l’égard de l’exécutif et du gouvernement actuels. La baisse des dotations de l’Etat, couplé au spectre menaçant de la suppression quasi-totale de la taxe d’habitation – sans que les mesures de compensation aient clairement été présentées. Cette défiance grandissante à l’égard de l’Etat central de la part des collectivités territoriales n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit en effet dans une dynamique bien plus profonde et ancienne depuis que les multiples phases de décentralisation tant vantées par les responsables nationaux ont durablement affaibli les collectivités territoriales. Si Emmanuel Macron et son gouvernement vont sans doute accélérer et aggraver cette dynamique, elle leur préexistait.

Pourtant, à écouter les responsables politiques nationaux, ceux qui se sont succédé depuis des décennies à la tête de l’Etat, la décentralisation permet de donner plus de pouvoir aux collectivités (villes, départements, régions). Des premières lois cadres menées par l’alors maire de Marseille, Gaston Defferre, sous Mitterrand à la loi NOTRe de 2015 en passant par une multitude de lois censées donner plus de pouvoir aux collectivités locales, nombreux sont ceux à nous expliquer que notre pays est beaucoup moins centralisé que par le passé et que ces différentes phases de décentralisation ont eu pour effet à la fois de renforcer les services publics et de rendre notre pays plus démocratique et moins hiérarchisé. Je crois, en réalité, qu’il s’agit d’une fable que l’on nous raconte et que les phases de décentralisation que nous avons connues sont une farce visant à faire reculer le pouvoir public en vertu du néolibéralisme qui nous gouverne. Lire la suite