Tiens, revoilà la crise grecque

Vous aviez aimé le septième épisode de l’été dernier ? Vous allez adorer le huitième épisode de l’été prochain. On nous avait dit que la crise grecque était derrière nous lorsque Tsipras a accepté le mémorandum du 13 juillet dernier. On nous l’avait dit mais seuls les ordolibéraux béats pouvaient croire à de telles sornettes. Les Grecs ont subi de plein fouet ce nouveau choc sans pour autant voir l’étau se desserrer un peu. En réalité, c’est même le contraire qui s’est produit. Au moment du mémorandum, nombreux étaient ceux à fustiger l’accord – moi y compris – et à affirmer que les mêmes causes produiraient les mêmes effets. Nous voilà huit mois plus tard et la situation grecque est plus critique que jamais.

L’austérité imposée au pays a fait dramatiquement chuter le niveau de vie des Grecs – ou du moins ce qu’il en restait – sans que ce remède toxique n’ait amélioré les conditions de vie du patient. Tels médecins de Molière, l’Union Européenne et le FMI pratiquent des saignées régulières en expliquant que la prochaine sera la bonne. Le résultat, c’est un pays exsangue, abandonné de tous face à la crise migratoire et qui tend de plus en plus les bras à l’extrême-droite. L’été dernier le bad cop était l’UE, cette année c’est au tour du FMI. Les vagues successives ont mis plus bas que terre le peuple grec, qu’elle est belle notre UE, elle qui disait défendre la paix et la prospérité et qui jette la Grèce dans la misère et la tension sociale. Lire la suite

La victoire à la Pyrrhus d’Alexis Tsipras

Tsipras réussit son pari. Voilà ce que l’on pouvait lire dans à peu près tous les journaux européens ce lundi matin. Le leader de Syriza a donc réussi à remporter un troisième scrutin de rang après les législatives de janvier dernier et le référendum de juillet. Le voilà ainsi conforté par le peuple grec selon tous les observateurs. Un peuple grec qui s’est abstenu à hauteur de 40%, ce qu’oublie de mentionner la plupart des observateurs. Certains se laissent même aller à la métaphore footballistique en nous expliquant que Tsipras « virevolte, dribble ses adversaires, leur met des petits ponts pour finir par marquer le 3ème but ».

Ce qu’on oublie de nous dire, c’est que Tsipras n’a pas fait de pari. Il a été contraint de démissionner ce n’est pas son choix. Ayant été mis en minorité à la Vouli, celui-ci avait l’obligation de former une nouvelle coalition ou de convoquer à nouveau aux urnes des Grecs fatigués et usés par une austérité toujours plus pesante. Alors certes, Tsipras et Syriza comptent aujourd’hui 145 sièges à la Vouli. Tsipras pourra à nouveau former une coalition avec les Grecs Indépendants de l’ANEL (qui ont, eux, obtenu 13 sièges) et continuer à gouverner mais cette victoire électorale s’apparente bien plus à une victoire à qui gagne perd qu’au triomphe électoral que l’on nous vend.
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L’idée européenne n’est plus

Aujourd’hui, l’idée européenne est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu une notification sur mon téléphone : «Accord trouvé. Tsipras capitule. La ligne dure l’emporte.» Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. La Grèce et ses créanciers sont donc parvenus à un accord dans la nuit de dimanche à lundi. Enfin, accord est un bien grand mot. L’Europe a contraint Alexis Tsipras à une reddition sans condition. En brandissant la menace d’un Grexit, même temporaire, l’Allemagne et ses alliés finlandais et slovaques ont imposé leur vision au reste de l’UE. La dureté des exigences heurtait plusieurs fonctionnaires européens lundi matin. Un «catalogue des horreurs», résumait même le magazine allemand Der Spiegel.

Alexis Tsipras représentait surement le dernier espoir de voir la politique européenne infléchie vers plus de justice sociale et de voir l’émergence d’une Europe plus solidaire et plus inquiète du bien-être de ses peuples plutôt que de critères abstraits et mathématiques. 60%-3%-Règle d’or ou la Sainte-Trinité défendue par l’orthodoxie allemande. Si cette position peut se comprendre en période de prospérité, elle devient complétement absurde en période de récession et n’aboutit qu’à détruire le tissu social des pays où elle est appliquée. Les différents gouvernements européens sont pourtant tous unanimes sur l’accord conclu cette nuit : ils auraient sauvé l’Europe selon eux en évitant le Grexit. Leur autosatisfaction suintante me fait penser à ces personnages de La Peste qui effectuent une danse macabre autour du corps des pestiférés. Sauf que dans notre cas le mort est l’idée européenne. Lire la suite

Et si Tsipras avait déjà gagné ?

Vendredi, et pour la première fois depuis l’annonce de la tenue du référendum, le oui est apparu en tête dans un sondage. Selon ce dernier le oui devance désormais le non d’un peu plus d’un point à 44,8% contre 43,4. L’autre enseignement principal de ce sondage est que près de 12% des Grecs sont encore indécis et ne savent pas s’ils voteront oui ou non ce dimanche. Faut-il y voir l’effet de la campagne médiatique et politique menée par les institutions européennes et certains médias grecs visant à faire peur aux Grecs en leur promettant le chaos si le non sortait vainqueur ? Certainement.

Ce resserrement entre les deux positions-dimanche dernier le non était encore donné largement gagnant dans les sondages (entre 60 et 70%)-réjouit d’une part les tenants de la rigueur et d’autre part les contempteurs d’Alexis Tsipras. Ceux-ci vont même jusqu’à réclamer la démission du Premier ministre grec en cas de victoire du oui. Martin Schulz a, par exemple, appelé à la mise en place d’un gouvernement de technocrates à partir de lundi en cas de victoire du oui au référendum qui constituerait selon lui un cinglant revers pour le leader de Syriza. Et pourtant, à y regarder de plus près, quel que soit le résultat du référendum, Tsipras semble avoir déjà gagné plusieurs batailles. Lire la suite