L’austérité en Grèce, c’est la Peste

Dans une lettre au cours de laquelle il répondait à Roland Barthes et à sa critique acerbe de La Peste, Albert Camus écrit : «la terreur en a plusieurs [de visages], ce qui justifie encore que je n’en aie nommé précisément aucun pour pouvoir mieux les frapper tous». Le caractère allégorique du récit nous permet donc d’appliquer sa morale à d’autres situations que des situations de guerre. Certains journalistes et écrivains japonais ont d’ailleurs utilisé le roman du Prix Nobel de littérature pour faire une lecture de la catastrophe de Fukushima et de ses conséquences.

En profitant du fait que le roman de Camus ait plusieurs portées, il me semble loin d’être absurde de relire la crise grecque et surtout l’austérité qui est imposée au pays depuis 2010 selon le point de vue de La Peste. Tout, en effet, concourt à rapprocher l’austérité insoutenable que subissent les Grecs depuis cinq ans à l’épidémie de peste qui frappe la ville d’Oran et ses habitants dans le livre de Camus : l’éternel présent imposé par le fléau, le fait qu’il frappe tout le monde, les différentes positions adoptées par les gens pour répondre à cette maladie. Lire la suite

11 juillet 1995, l’Europe redécouvre l’effroi

20 ans déjà. 20 ans déjà que 8 372 hommes et adolescents bosniaques ont été massacrés par des unités de l’Armée de la République serbe de Bosnie sous le commandement du général Ratko Mladić au simple motif qu’ils étaient musulmans. Plus de 50 ans après la deuxième Guerre mondiale, ses camps de concentration et sa solution finale, des hommes et des adolescents ont donc été massacrés en vertu d’une «épuration ethnique» menée par des milices serbes. Les Hommes seraient-ils à ce point inhumains pour ne pas apprendre de leur passé ? Il semblerait que oui, malheureusement.

20 ans déjà oui. Mais 20 ans à peine, aussi. C’est quoi 20 ans à l’échelle de l’Histoire ? Rien du tout. Une génération tout au plus. Tout ça pour dire que non, ce massacre n’est pas une péripétie lointaine. A l’heure où les partis d’extrême droite progressent partout en Europe, souvenons-nous de ce massacre motivé par des simples raisons ethniques. De Viktor Orban en Hongrie à Aube Dorée en Grèce, les arguments violents et ethniques sont encore présents en Europe. Si Srebrenica nous rappelle une chose, c’est que la paix est, comme la démocratie, quelque chose d’extrêmement fragile. Lire la suite