Mercredi, près de 350 000 personnes, principalement des jeunes, ont manifesté en France contre le projet de réforme du code du travail – nous avons eu droit à la sempiternelle bataille de chiffres, 250 000 selon les autorités, 400 à 500 000 selon les organisateurs. Etant opposé à cette réforme, je devrais sans doute me réjouir de cette mobilisation, que d’aucuns ont tout de suite comparé à la mobilisation contre le CPE mais nous y reviendrons plus tard. Et pourtant, c’est une profonde tristesse que j’ai ressenti en regardant ces hommes et ces femmes, jeunes et moins jeunes manifester avec aplomb et sincérité contre une réforme qui est une régression sociale.
Si j’ai été triste c’est parce qu’il soufflait comme un air de Lampedusa dans les manifestations, pas cette ile italienne non, plutôt l’auteur du Guépard et de la terrible phrase « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Sans rentrer dans la question de la manipulation ou pas qui supposerait que les manifestants seraient tous des idiots, il faut tout de même se poser la question de l’instrumentalisation. En voyant ces différents cortèges, je n’ai pu m’empêcher de repenser à la phrase de Camus dans L’Homme révolté qui dit que « tout le malheur des Hommes vient de l’espérance ». Face à ces foules marchant sous la pluie, bravant le froid pour une lutte légitime et que je partage, j’avais le cœur serré et la gorge nouée parce que penser que de simples manifestations changeront profondément les choses est illusoire. Réveillons-nous, il est plus que temps ! Lire la suite