Hier et avec un jour de retard par rapport à ce qui était initialement prévu, Edouard Philippe a formé son premier gouvernement – celui-ci pourrait en effet être amené à évoluer une fois les élections législatives passées. J’ai regardé l’annonce dudit gouvernement sur France 2 et la première des réflexions qui est venue à ceux qui étaient réunis dans cette « édition spéciale » était le faible chiffre de ministres débauchés chez Les Républicains par Emmanuel Macron. Outre le premier d’entre eux, en effet, seuls deux ministres sont d’anciens (Bernard Accoyer a annoncé leur exclusion hier) membres du parti de droite. Il est vrai que l’on attendait un peu plus de ministres issus des rangs du parti de François Fillon dans l’optique de fracturer un peu plus ledit parti mais tout de même, les deux ministres issus de Les Républicains occuperont Bercy, ce qui est loin d’être anodin.
Il est toutefois assez drôle d’assister à ce balai des hypocrites qui voudrait que le gouvernement ne soit pas assez à droite par rapport à ce que l’on attendait. Ces commentateurs font comme si les membres du Modem, Sylvie Goulard, Jean-Michel Blanquer (je reviendrai plus tard sur la question de l’Education nationale en particulier) ou même Gérard Collomb étaient de dangereux gauchistes. Comme prévu, le gouvernement constitué par Edouard Philippe et Emmanuel Macron est bel est bien ni de gauche ni de gauche. Il est au mieux une forme de « petite coalition » comme l’ont écrit Ellen Salvi et Mathieu Magnaudeix sur Mediapart. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, le gouvernement constitué par le binôme exécutif du pays est un séisme politique en cela qu’il réunit à la fois des sensibilités sociale-démocrate et de droite dans un même gouvernement. Toutefois, si cet état de fait est un séisme politique il n’est que l’aboutissement d’une logique économique, celle du TINA (there is no alternative) de Thatcher. En cela, ce gouvernement est, à mes yeux, une grande clarification et la preuve que les masques sont définitivement tombés.
En marche vers l’uniformisation
Depuis le début, Emmanuel Macron a pour objectif de dynamiter la scène politique française. C’est peu dire que sa victoire il y a quelques jours puis la nomination d’Edouard Philippe à Matignon répondent clairement à cet objectif. Le PS est en état de mort clinique après avoir été pris en tenaille par le président sur sa droite et Jean-Luc Mélenchon sur sa gauche, LR est au bord de l’implosion après le débauchage d’Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Je le disais en introduction, faire cohabiter dans un même gouvernement Le Drian ou Nicolas Hulot avec les personnes citées plus haut est un véritable séisme politique dans notre pays structuré depuis des décennies selon une bipolarisation hypocrite de la vie politique.
En revanche, toute l’entreprise d’Emmanuel Macron est sous-tendue par un objectif et un seul : celui d’aller vers l’uniformisation économique de telle sorte qu’il n’existerait qu’un seul modèle raisonnable, celui du néolibéralisme. Ce modèle doit être notre horizon indépassable et quand le nouveau Président affirme vouloir substituer au clivage gauche/droite un clivage progressiste/conservateur il ne dit pas autre chose que sa volonté de se calquer sur le modèle américain où il n’existe plus de débat sur la nature du système politico-économique mais où les seules nuances concernent les choix sociétaux. J’ai déjà dit à de nombreuses reprises à quel point je trouvais cette démarche non seulement néfaste mais avant tout dangereuse (la volonté d’imposer de fait le Front National comme opposition fait partie de cette logique). Il faut néanmoins reconnaître à Monsieur Macron le mérite de la clarté. En effet, il n’a caché ni ses orientations ni ses objectifs et la nomination de son gouvernement vient souligner cette volonté. En cela il faut reconnaître au nouveau président sa franchise et une forme de courage.
Les acteurs sont nus
Les masques ont donc fini par définitivement tomber. Après plus de trois décennies de jeu d’acteur totalement hypocrite de la part de l’ensemble de la classe politique de notre pays – depuis le tournant de la rigueur de 1983 qui devait n’être qu’une parenthèse à ceci près qu’elle ne s’est jamais refermée. Les acteurs se retrouvent donc nus et il est assez drôle de se rappeler que dans la Grèce antique les acteurs étaient rangés sous le terme hypokritès qui a donné le terme hypocrite. Toujours dans la Grèce antique, plus précisément dans le théâtre grec – constitué quasiment uniquement de tragédie – le masque avait une double utilité que l’on retrouvait chez notre chère classe politicienne. La première, celle que tout le monde connaît était une utilité qu’on pourrait appeler esthétique. Il s’agissait évidemment de prendre les traits du personnage joué. Le masque avait donc la dissimulation comme premier objectif et il est assez aisé de faire la comparaison avec notre classe politicienne qui jouait l’alternance entre gauche et droite en menant la même politique économique ou presque.
En revanche, le masque avait aussi une autre utilité, plus méconnue, une utilité beaucoup plus pratique. Celui-ci jouait, en effet, le rôle de porte-voix de telle sorte que le masque était nécessaire à l’acteur pour se faire entendre par le public. Et on retrouve aussi cette utilité dans le masque de rebelle que portait la classe politicienne dominante. Comment nier que leurs postures, parfois ridicules, ait permis de faire croire au peuple qu’il choisissait réellement entre deux projets politiques alors même que, in fine, les grandes logiques économiques et sociales ont été les mêmes peu importe le gouvernement en place. Pendant longtemps le PS et l’UMP ont été semblables à ces paquets de gâteaux présents dans nos centres commerciaux. Vous pensez choisir entre différents propriétaires mais en réalité une poignée de grandes firmes transnationales se partagent le magot. Voilà ce qu’était notre scène politique. Dans cette grande farce, le dindon était toujours le même et il n’était pas à chercher du côté de l’Assemblée mais bien plus parmi ceux que vous croisez tous les jours au quotidien – et même la personne que vous voyez dans votre miroir tous les jours.
Nous le voyons donc, l’accession d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat et la nomination du gouvernement marque une forme de rupture dans notre pays. Désormais la caste politicienne est nue. Cela vaut sans doute mieux tant il est préférable d’avoir un adversaire franc qu’un allié hypocrite. Toutefois, il est clair que le quinquennat qui s’ouvre s’annonce particulièrement sombre si jamais Emmanuel Macron et son gouvernement acquis au néolibéralisme le plus fou parviennent à obtenir une majorité à l’Assemblée dans un mois. L’hiver arrive serai-je tenté de dire si ledit hiver n’était pas présent depuis de trop nombreuses décennies. Le voilà simplement dévoilé au grand jour. Dans « Les noces à Tipasa » tiré de L’Eté, Albert Camus a eu ces mots foudroyants de beauté et de lucidité : « Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible ». Tâchons de méditer ces sages paroles et de trouver notre invincible été dans ce rude hiver qui s’annonce.
D’un Albert à l’autre …
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» Il faut néanmoins reconnaître à Monsieur Macron le mérite de la clarté. »
Surtout ne rien lui reconnaître …
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We used Pittsburg Paints Balsam for the outside of our house. It’s similar to the one yov1u82&7;#e shown but maybe a little bit deeper. It’s a blue-green with a touch of silver. I love it.
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