Hier, lors du débat organisé par I-Télé et BFM TV, Nicolas Sarkozy a été attaqué de toutes parts par ses concurrents. Raillé pour son retour en politique alors qu’il avait dit qu’il se retirerait en cas de défaite en 2012 par les uns, accusé en creux de délaisser le temps long pour gesticuler sur l’actualité par les autres, l’ancien président a dû se contenter de parer les coups des autres candidats à la primaire de droite et du centre. Personne, certes, ne s’est aventuré sur le dossier libyen alors même qu’il a fait l’actualité hier entre les révélations du Monde et celles de Mediapart. Toutefois, ils se sont tous livrés à l’inventaire du quinquennat de Nicolas Sarkozy. L’une des questions initiales portait d’ailleurs sur le type de présidence que chacun des candidats envisageait. Sans surprise, les 6 autres candidats ont égratigné directement ou indirectement la présidence Sarkozy.
Mise en avant de l’honnêteté par Bruno Le Maire, diatribe sur la gesticulation avec l’actualité par Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore dénonciation de l’inconstance et de la versatilité par Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy a bien été forcé d’écouter et d’encaisser les coups. Profitant de cette question, l’ancien président a rappelé que lui avait occupé l’Elysée et que par conséquent il était mieux préparé que les autres selon lui. Il a également mis l’accent sur l’autorité. Sarkozy veut restaurer l’autorité dans un pays qui en a « cruellement besoin ». Pourtant, depuis le début de la campagne il semble axer son discours sur une stratégie du chaos. Paradoxal que le candidat de l’autorité utilise le désordre (étymologie du terme chaos) pour tenter de s’imposer.
Le temps du pourrissement
Depuis une dizaine de jours, l’équipe de l’ex-président a trouvé une nouvelle cible pour taper à bras raccourcis. Après le spectre des électeurs de gauche affiché pour effrayer les sympathisants de droite, voilà venu le temps de la Bayrou mania. Nicolas Sarkozy et ses proches attaquent en effet Alain Juppé par le biais du président du Modem. En expliquant qu’un accord secret passé entre les maires de Bordeaux et de Pau réserverait plus de 100 députés au Modem, le clan Sarkozy ne fait que continuer sa stratégie consistant à faire feu de tout bois. Nicolas Sarkozy, depuis son entrée en campagne, s’échine en effet à faire que le niveau du débat reste au plus bas. Petite phrase sur nos ancêtres les Gaulois, attaques personnelles et autres boules puantes lâchées au fil des discours et interviews, Nicolas Sarkozy fait tout pour que la campagne ne se place pas au-dessus du niveau caniveau.
Créer le chaos, le désordre, est bien entendu d’une part un moyen pour l’ancien président d’éviter que l’on ne parle trop des multiples affaires qui le visent (Bygmalion, financement libyens, etc.) mais d’autre part cette stratégie est sans doute sa seule chance pour dépasser Alain Juppé les 20 et 27 novembre prochains. Le maire de Bordeaux a, effectivement, déjà été investi par les médias qui ne se fient qu’aux sondages. Ceux-ci semblent toutefois oublier le précédent 2011 et la primaire socialiste. Les mêmes sondages affirmaient que Ségolène Royal arriverait en 3ème position sans aucun souci et l’on connaît la suite. Les sondages n’étant en temps normal déjà pas fiables à 100%, dans le cas d’une primaire ouverte l’incertitude est décuplée puisque le corps électoral est par définition inconnu. Mettre en place le désordre reste donc pour Sarkozy l’ultime chance puisque, selon les calculs de son équipe, sa seule chance de victoire est une participation faible de telle sorte que le chiffre de 1,7 Million de votants a été avancé pour faire office de seuil. En dessous de ce chiffre Sarkozy s’imposerait car il est majoritaire dans le noyau dur de Les Républicains, au-delà de ce seuil la victoire reviendrait à Alain Juppé.
Chronique d’un échec annoncé ?
Finalement, la violence verbale qu’a subie hier Sarkozy n’est guère étonnante. Il n’a fait que récolter ce qu’il sème depuis des semaines de campagne. A force de créer le désordre, il n’est pas surprenant que ledit désordre finisse par vous exploser à la figure. Il est d’ailleurs assez ironique de constater que pour se sortir des attaques sur sa présidence, Nicolas Sarkozy a dit qu’il était le plus à même de sortir le pays du chaos. Il a en effet expliqué que lui avait l’expérience et, en substance, que la seule manière de se préparer à exercer la fonction de président c’est de l’être. Néanmoins, la stratégie mise en place par l’ex-président n’est-elle pas déjà vouée à l’échec ? Certains diront qu’il peut remporter l’investiture de cette manière et cela est bien vrai.
Il me semble pourtant qu’une telle stratégie peut rapidement se retourner contre lui comme l’a montré le débat d’hier. En général, c’est le favori qui est le plus susceptible d’être attaqué et pas son duphin dans les intentions de vote. Hier nous avons vu se mettre en place une sorte de front anti-Sarkozy où chacun des autres candidats – à l’exception peut-être d’Alain Juppé qui s’est efforcé de rester au-dessus de la mêlée – l’a pilonné. La vague de désordre qu’il a créée et qui devait engloutir Alain Juppé pourrait bien se retourner contre lui et le submerger avant le premier tour de la primaire. A l’inverse, même s’il parvenait à devancer Alain Juppé et à obtenir l’investiture, comment pourrait-il recréer l’unité derrière lui après avoir semé le trouble durant toute la campagne des primaires ?
Sarkozy le répète à qui veut l’entendre qu’il ne faut pas se tromper d’élection, que les scrutins des 20 et 27 novembre serviront à désigner le candidat de la droite et non pas le président des Français. C’est en ce sens qu’il met la barre à droite toute en espérant que les plus modérés ne se rendront pas aux urnes ulcérés par une telle fuite en avant vers le Front National. L’objectif affiché plus ou moins clairement de l’ex-président est bien de faire fuir les électeurs de gauche et une partie de ceux du centre tout en attirant l’électorat qui l’avait élu en 2007 mais qui est depuis passé chez Marine Le Pen. Ne se souciant nullement du jour d’après, Sarkozy pousse la violence chaque jour un peu plus loin dans son propre parti. Finalement, il semble tenir pour acquis le fait que le vainqueur de la primaire sera le futur président grâce au deuxième tour face à Marine Le Pen. De ce fait, il semble une nouvelle fois surestimer les chances de son camp ou sous-estimer les chances des autres. En 2012 pourtant, cette attitude lui avait coûté cher.
« Il me semble pourtant qu’une telle stratégie peut rapidement se retourner contre lui comme l’a montré le débat d’hier. »
« Et nous l’allons démontrer » …. La Fontaine
Bonne journée Marwen !
Démonstration….
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