Chine cherche tête chercheuse

La Chine est devenue un géant mondial dans la R&D (recherche et développement) mais en va-t-il de même en matière d’innovation ? On assimile souvent à tort R&D et innovation mais la R&D n’est qu’un des éléments du processus d’innovation. Depuis 2000, le gouvernement a mobilisé d’importantes ressources dans ce domaine. La Chine compte aujourd’hui le plus grand nombre de chercheurs et d’ingénieurs engagés dans la R&D. Elle a les 3èmes dépenses du monde dans ce domaine, elles ont presque quadruplé au cours des 7 dernières années pour atteindre 123 Milliards d’€ (70% par les entreprises) soit 1,94% du PIB. La production high-tech représente désormais plus de 30% des exportations totales mais ces exportations sont surtout constituées de composants peu innovants. En outre, la part de la Chine dans les brevets mondiaux est seulement de 1%.

La rentabilité d’abord !

Malgré cette expansion, la nature de la R&D reste problématique puisque la Chine est en retard dans les secteurs des hautes technologies comme l’aviation et l’espace par exemple. Elle se concentre sur la recherche appliquée, spécialement la phase de développement technique (87% de la R&D en 2008) et assez peu sur les recherches dites fondamentales (4,7% en 2009). La faiblesse des capacités de recherche est mise en évidence si l’on regarde le nombre de brevets ou de publications au nombre d’habitant. A titre d’exemple, en 2007, la Chine représentait 8,8% des publications mondiales (juste derrière les EU) mais celles-ci avaient un impact très faible. La part des brevets d’innovation est quant à elle fluctuante et menée par un petit groupe d’entreprises de télécoms et d’équipements électroniques. Ainsi la R&D concerne surtout des produits qui ont une application économique rapide (80% en 2009). La coopération des entreprises et des universités est, de plus, en baisse ce qui est un signe de faiblesse tout comme la très faible ouverture des entreprises chinoises à l’étranger dans ce domaine.

« Suiveur scientifique »

Il y a, en outre, disproportion entre les dépenses de R&D effectuées par les entreprises d’Etat et celles du secteur privé ce qui pose la question du rôle des groupes industriels privés en matière de développement technologique. Si certaines entreprises ont connu des succès sur les marchés internationaux comme Huawei, ZTE, Lenovo, BYD ou les entreprises d’Etat liées au TGV chinois, la plupart des entreprises ont peu investi dans l’innovation même dans des domaines où cela est vital comme l’automobile, le pétrole ou la chimie. Pour le moment, aucune entreprise chinoise n’a été en mesure d’imposer un standard mondial. Les entreprises cherchent avant tout à exporter et à étendre leur part de marché, exception faite de l’entreprise de produits électroménagers Haeir qui a mis en place un réseau de trente usines et huit centres à l’étranger. En exportant de manière privilégiée dans les pays en développement, les entreprises chinoises ont acquis des parts de marché mais aussi un statut de « suiveur technologique » scientifiquement parlant. Enfin, il y a de grandes disparités dans la distribution des activités technologiques au sein du territoire chinois : 8 provinces de la côte est concentrent 67% des dépenses nationales de R&D. La politique de R&D a été fondée sur un ensemble de programmes nationaux et grands projets de développement technologique très ciblés comme le TGV chinois ou l’avion C919. Malgré un effort pour rendre la politique d’innovation plus active, les liens entre les entreprises sont encore trop rares. La situation actuelle d’une économie fondée sur des PME exportatrices devrait perdurer encore longtemps.

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