Cyniques complicités (sur le traitement médiatique d’Éric Zemmour)

Ulysse et les Sirènes – John William Waterhouse

Il y a quelques jours, le toujours pas candidat officiel Éric Zemmour a une nouvelle fois fait la une de l’actualité en braquant un fusil d’assaut sur des journalistes dans le cadre d’un salon de vente d’armes. Dans cette nouvelle outrance, le plus marquant n’est pas tant qu’un pré-candidat fasciste fasse joujou avec une arme à feu puisque, après tout, il est question d’une personne qui prône la déportation d’une partie des Français mais bien le fait que les journalistes braqués par le polémiste aient continué à le suivre tout au long du salon comme si de rien n’était.

S’il est vain – et même contre-productif – de réagir à chacune des outrances de Zemmour, l’épisode du fusil d’assaut est très signifiant à propos des relations qu’entretiennent un certain nombre de médias et de journalistes avec lui. Finalement, dans cette atmosphère pré-fasciste dans laquelle nous nous trouvons désormais, l’émergence de ce personnage est moins intéressante que les raisons qui l’ont rendue possible et qui continuent à la rendre possible. Comme presque toujours ce qui compte réside moins dans les individus que dans une réflexion systémique. À ce petit jeu, la responsabilité d’une grande majorité des médias est écrasante dans l’installation d’Éric Zemmour comme personnage central de la vie politique française depuis des semaines.

Lire la suite