Au temps d’harmonie (L’âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir) – Paul Signac
Dans la Grèce et la Rome antiques, un mythe a contribué à structurer les pensées : celui des âges de l’humanité. Formulé pour la première fois par Hésiode dans Les Travaux et les Jours, celui-ci est censé expliciter les raisons de la déchéance des humains. Le poète y explique effectivement que le premier âge était d’or puis que quatre autres se sont succédé pour enfin arriver à celui de fer. Cette croyance a, depuis, traversé les époques si bien que les vertus de la nostalgie sont, encore aujourd’hui, bien défendues par beaucoup. L’on nous explique que tout le monde a la capacité de comprendre ce phénomène puisque nous faisons tous, ou presque, l’expérience de ces charmes lorsque l’on repense à notre enfance et que l’on embellit certains éléments de notre passé.
Politiquement, cet attrait de la nostalgie se matérialise assurément par la célèbre formule affirmant que c’était mieux avant. Si celle-ci a souvent été l’apanage des conservateurs ou des réactionnaires, la violence du néolibéralisme depuis le tournant des années 1970-1980 (nous y reviendrons), a induit l’apparition de ce sentiment y compris au sein de certaines parties de la gauche. On nous explique alors qu’il faut courir vers ce passé ensoleillé pour oublier la nuit noire et menaçante dans laquelle nous sommes plongés. Je crois pourtant qu’en plus de colporter une idée fausse, cette position contribue à nous paralyser dans les luttes.
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