La Sécurité sociale en quelques lignes

Le serment des Horaces – Jacques Louis David

Dans l’immense crise sanitaire qui a frappé la planète, certains pays s’en sont mieux sortis que d’autres. L’on pense spontanément à certains pays asiatiques comme la Corée du Sud ou Taïwan qui, sans avoir à pratiquer un confinement strict, ont réussi à limiter le nombre de victimes. Au sein du Vieux-Continent, le pays qui a reçu le plus de lauriers est assurément l’Allemagne qui, même si la stratégie a pu être contestée par ses habitants, a réussi à relativement bien juguler l’épidémie sans appliquer un confinement aussi strict qu’en France, en Espagne ou en Italie. À l’autre extrême, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni font figure de mauvais élèves.

Si la gestion de la crise fut loin d’être optimale en France – multiples cafouillages, notamment sur la question des masques, injonctions contradictoires, etc. – le bilan n’a pas été encore plus dramatique que ce qu’il a été et nous le devons certainement au dévouement des personnels soignants et à la Sécurité sociale qui, dans notre pays, permet à chacun de se faire soigner sans qu’on lui demande sa carte bleue avant de rentrer à l’hôpital. Derrière les discours creux (et hypocrites) d’Emmanuel Macron sur les secteurs qui doivent être situés hors du marché, il faut je crois creuser la portée révolutionnaire et socialiste de la Sécurité sociale à la lumière du drame sanitaire que nous avons vécu dernièrement.

Le socialisme en actes

Tant au niveau des médias dits dominants (où cette parole est bien souvent portée par des éditorialistes qui ne comprennent pas grand-chose à l’économie) que parmi les pouvoirs successivement en place, le discours visant à décrédibiliser toute alternative au capitalisme s’appuie sur le fait que le socialisme serait totalement utopique, irréalisable et qu’il conduirait à la ruine du pays – je passe ici sur les raccourcis bien peu rigoureux intellectuellement fait entre URSS et socialisme. Il existe pourtant un certain nombre d’institutions et de mesures authentiquement socialiste et celles-ci fonctionnent très bien. C’est le cas de la Sécurité sociale (tout comme des retraites ou de la fonction publique mais ces sujets seront traités dans d’autres billets).

Avant les multiples mesures visant à la mettre à mal – nous y reviendrons plus bas – la Sécurité sociale était effectivement uniquement financée par des cotisations sociales et que sont ces cotisations sociales sinon la socialisation de la richesse produite ? Les cotisations payées tant par les salariés que par les employeurs (même si ceux-ci ont obtenu des baisses substantielles durant les dernières décennies) ne sont rien d’autre, en effet, que l’allocation d’une part de la richesse produite au bien commun c’est-à-dire l’ensemble des branches de la Sécurité sociale. En d’autres termes, et comme son nom l’indique bien d’ailleurs, la Sécurité sociale est du socialisme en actes et avant sa mise à mal par les politiques néolibérales, celle-ci fonctionnait à merveille.

La prise de guerre néolibérale

Une fois que l’on a compris ceci, l’on saisit assez rapidement pourquoi la Sécurité sociale (tout comme les retraites ou la fonction publique) est l’objet de bien des critiques de la part des capitalistes. Eux savent très bien qu’il s’agit là d’instances ou de statuts réellement révolutionnaires et que démontrer que le socialisme en actes fonctionne très bien et mieux que le capitalisme ferait courir un grand risque à ce dernier. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la baisse des cotisations, une manière de créer artificiellement un déficit à la Sécurité sociale pour mieux justifier sa liquidation. L’entreprise néolibérale a presque tout emporté sur son passage en quelques décennies mais, en France tout du moins, demeurent des bastions importants du socialisme. Les faire tomber c’est s’assurer une victoire totale.

Ces offensives répétées à l’encontre de la Sécurité sociale doivent également nous pousser à avoir une relecture de sa mise en place, notamment dans les cercles de la gauche. Comme le dit avec acuité Bernard Friot depuis des années, nous avons tendance à minimiser la portée révolutionnaire de la Sécurité sociale. Ambroise Croizat n’est assurément pas l’une des figures les plus connues mais surtout tout est fait pour faire adhérer à la croyance selon laquelle les capitalistes ont accédé de bonne grâce à cette demande, que cette concession a été faite volontairement pour obtenir une soupape. La réalité est toute autre et si la Sécurité sociale existe aujourd’hui elle a été arrachée de haute lutte. Comme le dit Friot c’est parce qu’il y avait un Parti Communiste à près de 30% et en armes que la Sécu a vu le jour. Tout ceci permet de remettre les choses en place et de se rappeler que ce n’est que par la lutte offensive que l’on obtient des avancées sociales. Alors, à l’attaque !

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