Hier marquait le premier anniversaire de la victoire d’Emmanuel Macron lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017. L’heure est donc actuellement au bilan de cette première année de présidence du nouveau monarque présidentiel. Il faut dire que le successeur de François Hollande a mené sa cure néolibérale au pas de charge au cours de sa première année de présidence. Ordonnances pour démanteler le code du travail, suppression de l’ISF, volonté de livrer à terme la SNCF à la privatisation, Emmanuel Macron a pour coutume d’attaquer sur plusieurs fronts si bien que l’opposition incarnée par la France Insoumise ou le mouvement social qui semble prendre forme a toutes les peines du monde à contrer de manière efficace la politique gouvernementale.
Ce qui est évident, en revanche, c’est que Macron et son gouvernement ont rapidement clarifié les choses – ou plutôt les décisions prises ont servi à les clarifier. Après avoir fait campagne sur son fameux « en même temps », le locataire de l’Elysée mène très clairement depuis un peu moins d’un an une politique de droite dans tous les domaines. Libéralisation accrue de l’économie, politique conservatrice sur les questions sociétales, défense des puissants et possédants, écrasement des plus dominés de cette société tel est le constat d’un an de présidence Macron. Tout acquis à sa croyance de puissance absolue, le monarque présidentiel suscite des ressentiments qui ne font que s’accroître et dont l’affaire GL Events pourrait constituer un seuil franchi tant elle est révélatrice de bien des fléaux qui frappent le pays.
L’affairisme triomphant
Qu’est cette affaire sinon la mise à nu de logiques systémiques présentes depuis des décennies ? Si Emmanuel Macron constitue assurément une forme de rupture avec ce qui s’est fait précédemment ce n’est pas tant parce qu’il représente un changement de nature mais bien plus parce qu’il porte les logiques qui lui préexistaient à un niveau jamais vu. Parce que finalement derrière cette affaire – pour rappel GL Events a accordé des ristournes importantes à l’alors candidat Macron pour effectuer ses meetings et le président de la société est un personnage très proche de Gérard Collomb – c’est les vices et les turpitudes de tout un monde politico-économique qui se retrouvent mises en lumière.
Nous voilà effectivement mis en face des procédés qui ont désormais cours dans la haute-fonction publique et dans le monde politicien, celui du pantouflage, de l’affairisme et des multiples renvois d’ascenseurs entre fonctionnaires, politiques et grandes entreprises. Récemment dans l’UE le cas de José Manuel Barroso qui a fait l’actualité lorsque l’ancien président de la commission européenne a été embauché par Goldman Sachs mais au-delà de sa personne c’est tout un système inique faits de conflits d’intérêts plus ou moins évidents qui se dessine. La montée en puissance du pantouflage, notamment en milieu de carrière, et l’apparition des allers retours entre la sphère publique et la sphère privée se retrouve matérialisée par ces espèces d’échanges de bons procédés entre politiciens et sphère privée. Emmanuel Macron n’apprécie guère qu’on lui rappelle ses va et vient entre le privé et le public mais il est vrai qu’il est l’émanation la plus pure de ces rapports incestueux entre sphère privée et sphère publique qui mettent à mal l’intérêt général au profit des intérêts particuliers. L’affaire GL Events, loin d’être une incongruité n’est que l’aboutissement d’une logique décennale qui semble s’accentuer un peu plus chaque jour.
L’odieux silence
Il y a quelques semaines, Mediapart publiait de longs articles sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon et les irrégularités que ceux-ci comportaient selon la commission des comptes de campagnes. Le candidat de la France Insoumise ainsi que bon nombre de ses soutiens avaient dénoncé une chasse aux sorcières devant le tapage qu’avaient engendré lesdites révélations de Mediapart. Il faut dire qu’un nombre considérable de médias s’étaient alors donnés à cœur joie sur le député de Marseille allant chercher des micro-détails pour monter en épingle les infos de Mediapart. A l’époque j’avais pourtant trouvé la charge de Mélenchon à l’encontre des médias très rude et je continue à penser qu’il n’aurait pas dû utiliser certains des termes qu’il a alors proférés. Pour autant, je m’étonnais que Mediapart se contente de traiter les comptes de campagne de Mélenchon sans parler des autres. De ce point de vue, l’honneur de ce média est d’avoir désormais également parlé de ceux de Fillon et donc de ceux de Macron en soulevant le scandale GL Events.
On ne peut pas en dire autant des autres médias dits dominants dans ce pays. Les mêmes personnes qui ont été si promptes à se gausser du fait que la campagne de la France Insoumise s’était déroulée en utilisant le statut d’autoentrepreneur – ce qui, j’en conviens, est ironique mais loin d’être aussi grave que l’affaire GL Events – sont étonnamment bien silencieux dès lors qu’il s’agit de pointer ce qui n’est ni plus ni moins qu’un scandale en cela que le code électoral est très clair sur ce point : les cadeaux de la part de société privée sont interdits lors des campagnes électorales et entraînent l’annulation de l’élection de celui qui en a profité. Lorsque l’on sait que certaines élections locales sont annulées pour des sommes bien plus dérisoires que celles dont il est question dans l’affaire GL Events, il est proprement ahurissant de voir que cette affaire ne fait pas plus de bruit que cela.
L’impuissance programmée et l’ostensible mépris
Cette affaire GL Events est également le symptôme d’une impuissance programmée, celle de la commission des comptes de campagne. Cet organisme chargé de vérifier, comme son nom l’indique, les comptes de campagnes ne disposent effectivement pas des moyens nécessaires à sa mission. Alors même que pendant la majeure partie du temps celle-ci est en sur effectif, elle se retrouve rapidement débordée dès lors qu’arrive le pic lié à des élections. Les membres de la commission ainsi que les observateurs n’ont de cesse d’exprimer l’incapacité qui est celle de la commission à vérifier de manière pertinente les comptes de campagnes. En regard de cet appel maintes fois répété aucun moyen nouveau n’est octroyé à cette commission. Après le scandale Bygmalion en 2012 il était pourtant évident pour tout le monde qu’il fallait réformer en profondeur le financement des campagnes électorales et donner plus de moyens aux organismes de contrôle. Ne pas le faire c’est programmer l’impuissance du contrôle et donc laisser libre court aux magouilles les plus odieuses, il n’y a aucun hasard là-dedans.
Quatrième et dernier symptôme qui se niche derrière cette affaire GL Events, le mépris et la morgue crasse du pouvoir à l’égard des classes populaires de notre pays. Il ne faut effectivement pas être grand clerc pour saisir que l’offensive médiatique de Macron sur les croquettes payées par le couple ou le mensonge sur la taxe d’habitation étaient là pour faire diversion. Dès que cette affaire a éclaté nous avons effectivement eu droit à la communication présidentielle dans tous les médias ou presque qui ont recraché la soupe présidentielle qui s’apparente à une réédition du fameux « qu’on leur donne de la brioche ». Tout acquis à sa stratégie de mépris pour faire diversion, Emmanuel Macron n’a d’ailleurs pas hésité à tomber à bras raccourcis sur les personnes qui se lèvent contre la baisse des APL. Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron joue sur la symbolique de la monarchie en expliquant que la France a besoin de la figure du roi. Qu’il prenne garde, il pourrait nous prendre l’envie de rejouer symboliquement le 21 janvier 1793.
Je partage tout à fait ton avis et sa conclusion. Je pense que le jeune paltoquet arrogant a maintenant largement dépassé le niveau d’indécence que pourtant ses prédécesseurs avait porté assez haut. Son incroyable fatuité va le desservir malgré les digues dressées par ses laquais médiatiques et sa secte d’adorateurs.
Les semaines qui suivent vont être intéressantes.
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Muriel Penicaud, ministre du travail, est entendue comme témoin assisté dans cette affaire. On parie combien que les juges se coucheront devant le pouvoir ?
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