Avis de gros temps sur le front de la lutte contre la faim : les progrès pour éradiquer ce fléau marquent le pas en dépit d’une légère amélioration des chiffres (870 Millions de personnes sous-alimentées contre un Milliard en 2009 selon la FAO). Pour répondre aux besoins des 9 Milliards d’habitants attendus au milieu du siècle, la production agricole devrait augmenter de 70% au niveau mondial et même de 100% dans les pays en développement selon la FAO. Un véritable casse-tête dans un contexte où les rendements moyens augmentent de 1% par an pour le riz et de 2% pour le maïs soit deux à trois fois moins rapidement qu’au XXème siècle.
Pression sur les ressources
Les progrès entraînés par la modernisation de l’agriculture dans les pays occidentaux à partir de 1945 puis dans les pays en développement à partir des 1970s ont atteint leurs limites. Ce ralentissement s’explique en partie par la dégradation des sols induite par des pratiques intensives telles que la salinisation et l’érosion. En outre, le recours aux produits chimiques a détérioré la qualité des nappes souterraines et des cours d’eau alors que l’irrigation épuise déjà les ressources en eau douce de la planète. Enfin, bon nombre de cultures sont utilisées pour produire des agrocarburants (30% de la production mondiale d’huile de colza en 2011 par exemple).
Un développement soutenable
Il serait cependant possible de s’y prendre autrement. Tout d’abord en luttant contre les gaspillages (selon la FAO, 30% des récoltes mondiales sont perdus faute de moyens de stockage ou de transport au Sud ou de produits non consommés au Nord). En outre, il importe de modifier les régimes alimentaires : les régimes riches en protéines animales gagnent peu à peu la planète. Or pour produire un kilo de bœuf il faut par exemple 6 kilos de céréales. Déjà les céréales dédiées à l’alimentation animale représentent les besoins caloriques de 3,5 Milliards d’Hommes selon le PNUE (programme nation unies pour l’environnement). Il sera donc nécessaire dans le futur d’adopter des régimes alimentaires moins carnés. Enfin, nourrir la planète passe par une remise à plat des pratiques agricoles comme le développement de modes de production utilisant davantage les potentialités de la nature.
Souveraineté alimentaire
Ces techniques pourraient permettre de doubler des rendements encore très faibles aujourd’hui. En Afrique subsaharienne, les rendements sont à peine de l’ordre d’une ou deux tonnes à l’hectare contre plus de sept en France. Les marges de progression sont donc élevées dans ces pays pour accroitre la production agricole tout en diminuant les importations. Ceci leur permettrait de se mettre à l’abri de la volatilité des cours. Toutefois, redonner aux pays dépendants du marché les moyens de se nourrir eux-mêmes suppose un changement des règles du jeu du commerce international. En effet ces pays ont besoin de mettre en place une protection aux frontières et un retour des investissements dans les campagnes au profit d’une agriculture vivrière.