Jul, Kant et le mépris de classe

A la fin de l’année dernière, le rappeur marseillais Jul a donné un concert au Dôme, la principale salle de spectacle de la Cité phocéenne. Ce qui, pour d’autres artistes, constitue un évènement banal dans une carrière est, dans le cas de Jul, un véritable phénomène. Celui-ci ne donne en effet que très peu de concert et se produit très rarement sur scène – il a avoué que le stress qu’il ressentait avant de telles prestations était monumental. Fidèle à son habitude, il a rendu cet évènement spécial et, loin de se produire sur fond d’effets spéciaux spectaculaires, est apparu sur scène en train de jongler avec un ballon de football, chose toute aussi incongrue que révélatrice du personnage Jul.

Surgi sur la scène du rap français depuis quelques années, l’artiste ne cesse de détonner et de dépasser une à une les barrières qui se sont dressées sur son chemin. Il a récemment expliqué qu’après la sortie de son album en décembre 2017, il prendrait une pause et s’éloignerait quelque peu du monde de la musique. Il faut dire que depuis quelques années il a enchainé les sorties d’album dans un rythme de travail proche du stakhanovisme. Le côté atypique de Jul, son succès aussi, font qu’il est souvent l’objet de critiques très acerbes. Les personnes n’appréciant pas ce qu’il produit ressentent effectivement très souvent le besoin de cracher leur fiel et de critiquer, bien au-delà du simple rappeur, ceux qui l’écoutent, l’apprécient et disent se reconnaitre dans ses textes. Aussi le cas Jul nous permet-il à mon sens de mettre en exergue la manière dont un certain mépris de classe s’organise dans notre pays par le truchement du dénigrement systématique des cultures populaires. Avant d’aborder frontalement cette question, un détour par la philosophie me semble toutefois nécessaire.

 

Du jugement péremptoire à la validation sociale

 

Les débats autour de l’artiste marseillais sont bien souvent passionnés pour ne pas dire littéralement hystériques. Il est rare en effet de pouvoir discuter sereinement du phénomène Jul – parce qu’il faut bien parler de phénomène pour ce rappeur débarqué de nulle part et qui vend désormais des millions de disques. Cette absence de sérénité entourant les discussions et débats autour de Jul est sans doute consubstantielle à tous les objets culturels à succès qui, indubitablement, deviennent tôt ou tard des formes de marqueurs sociaux. Je le disais plus haut, les critiques à l’égard du rappeur sont souvent acerbes quand elles ne sont pas carrément haineuses. Il n’est en effet pas rare d’entendre des personnes affirmer haut et fort (comme s’il s’agissait d’une manière de montrer sa culture plus fine et son intelligence supérieure en société) que « Jul c’est de la merde », qu’il est incompréhensible que ses titres et albums aient autant de succès, en bref que ceux qui l’écoutent sont des abrutis bons à rien.

Par-delà la simple question de Jul, ces débats enflammés et ces critiques exacerbées posent assurément la question de la manière de juger une œuvre d’art et de ce que cela implique. Dans sa Critique de la faculté de juger, et plus particulièrement dans le chapitre sur l’Analytique du beau, Emmanuel Kant – considéré comme l’un des théoriciens les plus importants de la question du beau – aborde en profondeur (et, disons-le, de manière très absconse) la question du jugement de l’art. Il distingue l’agréable du beau. Dans sa logique, le premier est totalement relatif et dépend de chacun. Est agréable ce qui plait ou qui procure du plaisir. Toutefois, dans sa recherche d’un beau absolu et universel, le philosophe allemand définit ce qui est le Beau en opposition à l’agréable. Celui-ci n’est pas relatif mais universel et est censé s’imposer à tout le monde de manière évidente. Pour justifier cette universalité péremptoire, Kant parle d’un sens commun qui, pour moi, a tout de la théorie fumeuse. Je suis bien plus enclin à y voir une forme de validation sociale. En ce sens, dire que les œuvres de Jul sont médiocres reviendrait à dire que ceux qui ont en dégoût ses morceaux ont un avis qui devrait plus compter que ceux qui se reconnaissent dans son œuvre et l’apprécient alors même que les meilleurs arguments sont assurément du côté de ceux qui l’apprécient, nous y reviendrons.

 

Les cultures versus la Culture

 

Nous voilà arrivés au fond (dans tous les sens du terme) de la chose que nous révèlent les critiques acerbes à l’égard de Jul et de son public, celui de cultures, le rap et les cultures populaires et urbaines au sens large, qui seraient moins légitimes que la culture bourgeoise. Si Jul est aussi apprécié par une partie importante des milieux populaires, en particulier chez les jeunes, c’est parce qu’il raconte le quotidien de cette partie de la France totalement ignorée. Dans La tête dans les nuages, morceau éponyme de son dernier album, que dresse l’artiste sinon une fresque d’une certaine partie de la France ignorée, méprisée et humiliée ? Une mère isolée trimant pour élever son fils, le même fils qui grandit avec un seul parent, une personne ayant sombré dans le trafic de drogue par manque d’autre horizon, un homme rongé par l’alcoolisme, une prostituée forcée de monnayer ses charmes ou encore une mère terrifiée après avoir découvert des armes sous le lit de son fils tel est le tableau dépeint par l’artiste. Si l’on voulait être provoquant l’on pourrait y voir un rappel de la Comédie humaine de Balzac à ceci près qu’il s’agit bien plus assurément d’une Tragédie humaine décrite par Jul.

Si le cas de Jul est si intéressant, c’est précisément parce qu’il symbolise à merveille ce profond mépris avec lequel les élites, mais pas que, traitent le peuple d’en bas qui doit se débattre face à une réalité que ne connaissent absolument pas ceux qui les traitent avec morgue et arrogance crasse. Finalement, l’œuvre du rappeur phocéen n’est pas si éloignée de cela que le Orwell journaliste qui montrait crument la misère. A travers Jul, c’est bel et bien toute un pan des cultures (urbaines et populaires) et toute une partie de la population qui est visée. Il s’agit pour la classe bourgeoise d’affirmer haut et fort qu’il existe une Culture quasiment déifiée et constituée par les éléments dits nobles (peinture, opéra, littérature) pour bien signifier aux classes populaires que ce qu’ils peuvent apprécier n’est qu’une sous-culture d’analphabète comme l’a dit un jour un célèbre éditorialiste obsédé par les musulmans et tout acquis à ses passions tristes. Cette démarche n’est pas sans rappeler la manière dont l’éducation populaire a doublement été torpillée par le passé. De Zemmour à Finkielkraut en passant par Barbier qui fait rapper Macron dans ses éditos, toute cette classe bourgeoise rejette avec mépris l’ensemble des cultures urbaines, du rap aux tags. Il ne s’agit pas de dire qu’il est obligatoire d’apprécier les morceaux du rappeur, loin de là, mais vomir son dégoût et sa haine à longueur de temps revient à hurler avec les loups.

 

En somme, Jul est un formidable symbole ou plus précisément le traitement qui lui est réservé. Et si, finalement, le principal ressort de cette haine à son égard était intimement lié à la fois à sa personne et au message porté dans son œuvre ? L’histoire de Jul est en effet celle d’un artiste que rien ne prédestinait à réussir dans notre époque. Son accent sudiste très prononcé, son personnage loin d’être sexy d’un point de vue marketing, le fait qu’il compose lui-même ses mélodieuses instrumentales de manière quasiment artisanales sont autant d’éléments qui auraient dû l’empêcher de rencontrer le succès. Son authenticité ainsi que sa volonté de ne pas déserter les endroits où il a vécu et grandi couplées au fait qu’il soit assez loin du culte de l’argent intériorisé par beaucoup de rappeurs qui ont accepté les codes et l’horizon du capitalisme néolibéral le rendent sinon révolutionnaire tout au moins rebelle. Il faut finalement prendre au premier degré sa demande d’être considéré comme un OVNI tant il est particulier dans l’horizon du rap français.

50 commentaires sur “Jul, Kant et le mépris de classe

  1. Dire que le rap c’est de la merde, ça a rien à voir avec du mépris de classe. La musique contemporaine c’est aussi de la merde. Et la variété française pareil, c’est de la merde.

    Ou alors c’est du mépris de toutes les classes? C’est ça? Je méprise toutes les classes?

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      • nan mais en meme temps on appel un chat un chat non ? et quands c’est pas du rap c’est pas du rap, pareil pour tous les autres genre musicaux sa a d’ailleurs donné moult déclinaison de jazz (manouche, acid ectect)le probléme des anciens avec les nouveau c’est la qualitée vocale ramenée a un auto tune systématique et une volontée comerciale la ou on trouvais a l’epoque plus de millitants. le rap n’est plus un moyen d’expression c’est un moyen financier faux vendre et a n’importe quel prix !! gardez la face restez realiste quands tu fais autrechoses trouve un autre nom.

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  2. Je ne suis pas passionnée non plus par la forme musicale du rap. Sans doute suis-je trop vieille… 🙂

    Mais. Car il y a un énorme mais.

    Certains groupes de rap, comme IAM (oui, je suis marseillaise, et j’aime ma ville et ses habitants) sont vraiment formidables. Ils me parlent de la vie des gens. De même, Keny Arkana, et Kery James… Et même Médine.

    Quand le jazz est né, rappelons que les bons blancs amerlocains déclaraient que c’était « de la musique de nègre »…

    Merci pour ce billet. Du coup, je vais écouter Jul, que je ne connaissais pas.

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  3. L’analyse du « mépris de classe » présent dans la Critique du Jugement d’E. Kant est précisément l’objet du livre de Pierre Bourdieu « La Distinction », sous-titré : « Critique SOCIALE du jugement ».

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      • Les thèses de Bourdieu me semblent bien plus pertinentes pour le propos que celles défendues par Kant dans la CFJ (l’art ne l’intéresse pas). À la lecture du texte je me suis d’ailleurs demandé l’intérêt d’invoquer la thèse kantienne concernant les jugements esthétiques ; un tel jugement devant être réalisé de manière désintéressé, sans concept à travers le « libre jeu des facultés » (facultés communes à tous + désintérêt pour l’existence de l’objet : d’où l’universalité d’un tel jugement, bien qu’il soit subjectif puisque portant sur les représentations). En réalité, il n’est pas possible de produire un jugement esthétique pur à propos d’une œuvre musicale (qu’il s’agisse de Jul ou de Rachmaninov) puisque nous la conceptualisons déjà comme une œuvre musicale et que, au moins pour certains, il y a un intérêt à l’existence de l’œuvre. Bref, affirmer « Jul c’est super » ou « Jul c’est de la merde », ce sont deux jugements à propos de l’agréable qui, selon Kant, ne disent rien de l’œuvre elle-même, ça n’exprime qu’un sentiment de plaisir (ou de déplaisir) à l’écoute du morceau. Mais pourquoi invoquer Kant pour, finalement, défendre l’idée que nos jugements esthétiques sont influencées par notre position dans le monde social ?

        Hume, par exemple, dans De la norme du goût, propose un autre critère pour juger des qualités d’une œuvre : son caractère trans-temporel. Si Jul est toujours écouté dans… disons deux siècles, alors nous pourrons être certains que ses chansons possèdent une valeur esthétique. Si ça n’est pas le cas, alors elles n’en auront aucune. En suivant ce critère, nous pouvons (déjà) affirmer que l’oeuvre des « 2be3 » n’a aucun intérêt artistique. C’est évidemment un critère discutable, mais qui me semble moins obscur que la théorie de Kant au sujet des jugements esthétiques.

        D’autres part, nous pourrions aussi considérer que l’œuvre de Jul n’a aucun intérêt du point de vue artistique, tout en reconnaissant que ses textes expriment adéquatement une certaine réalité sociale. De même, peut-être que le « phénomène » 2be3 peut nous apprendre quelque chose sur le monde social dans les années 90…

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  4. J’ai écouté.
    Ben j’ai bien aimé. Des paroles simples et poétiques. Des histoires d’amour et de galères, et en plus avec l’accent… Et tous les visages des humains qui vivent là, dans les cités de Marseille. Je les trouve beaux et émouvants.

    Ce que je comprends mal après avoir écouté, c’est pourquoi tant de haine, comme disait l’autre.
    Les textes sont beaucoup moins « méchants » que ceux de Kery James, par exemple.
    Ce qui est sûr, c’est que Jul parle aux gens, de leur histoire. De ce qui les concerne directement.

    Je me faisais la réflexion l’autre jour en regardant un film « Cherchez Hortense » avec des acteurs que j’aime bien : Jean-Pierre Bacri, Kristin Scott Thomas, Isabelle Carré, Claude Rich. J’ai trouvé ça suprêmement chiant (intellichiant, je dirais) et nombriliste. Parce que ça ne cause que des états d’âme des bons bourgeois parisiens, dont perso, je n’ai pas grand chose à battre. Et en regardant ce genre « d’oeuvre », je trouve pas très étonnant que les gens aient préféré Bienvenue Chez les Chtis. Ou n’importe quel autre film qui raconte une histoire qui les touche.

    Pour moi, « l »art », c’est ça : c’est quelque chose qui me touche, qui me fait rire ou pleurer, ou les deux à al fois. Et ça peut être un opéra de Puccini, un livre de Victor Hugo, un film qui raconte une histoire (Fellini, Kubrick, Bergman, mais aussi Bunuel, Max Ophuls ou Chaplin; ou une chanson de Jul ou de Keny Arkana.

    Alors, pour le cinéma comme pour la musique, et à lire le commentaire ci-dessus, je ne dois pas avoir la « fibre artistique » … 🙂

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    • Pourquoi une telle conclusion ?

      Lorsque vous dites « l’art c’est quelque chose qui me touche », vous adoptez une position relativiste. Mozart et Jul ne me touchent pas, pourtant je peux reconnaître que c’est de l’art. N’êtes-vous pas d’accord avec cela ?

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      • Je ne sais pas si ma position est « relativiste », vu que je ne sais même pas ce que ça veut dire. Et que quelque part, que je ne sache pas n’est pas important non plus. C’est mon avis, c’est tout. Je ne me pose d’ailleurs pas la question. Perso, j’aime à laisser parler … le coeur ? les tripes ?
        Et pas seulement le raisonnement … cartésien.

        Je peux éventuellement deviner : tout est relatif. Et ça dépend qui on est, et d’où on vient, et tous les goûts sont dans la nature, et toute cette sorte de choses, comme disent nos potes britiches.

        Et c’est dommage que Mozart ne vous touche pas. Ni Jul.

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      • Dommage, certainement, mais je suis touché par d’autres choses. Et puis dans dix ans, cela sera peut-être différent.

        Le cœur, les tripes, c’est très bien face à une œuvre d’art, mais pour tenter de définir ce que c’est, ça n’est pas très utile. Le raisonnement permet de se poser la question, de discuter avec d’autres sur une base commune, de débattre, et même de s’amuser. Le désaccord n’est pas gênant tant que le débat est bien mené.

        Mais puisque c’est votre avis, et que la question ne vous intéresse pas, arrêtons-nous ici.

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  5. j ai toujours été passionné par le rap, mais jul, je n’y arrive pas, mais pas du tout. C’est mélodieux, certes, mais les paroles sont d’un niveau déconcertant; surtout quand on connait bien l’histoire du rap français. Ses lyrics me semble véhiculer des clichés vu et revu, et tourne autour de son petit nombril, rien de neuf. La postérité jugeras, mais je doute qu’il traverse l’histoire.

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  6. J’ai demandé ce qu’en pensais mon gamin (qui aime le rap): « voix passé sur des effets minables et moches, paroles insipides ».

    J’ai écouté les premières secondes de « la tête dans les nuages » (j’ai pas réussi à aller plus loin, tant les grincements électroniques des effets sur la voix me gavaient), avis partagé.

    Je ne suis pas du tout rap, mais j’ai quelques albums de Keny Arkana et La Rumeur, c’est autre chose!

    (et en effet, La Distinction de Bourdieu est la référence pour analyser la corrélation classe/goûts ; même si les choses ont probablement encore changées depuis)…

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  7. Jul c est l artiste des temps modernes un père de e5 ans et son fils de 8 ans peuvent écouter jul la c top et oui quand on viens de la rue de la France d en bas celle qui a des valeur on apprend beaucoup de chose dans la rue on a grandi avec rien du coup quand on a on apprécie et du jour au lendemain on a plus rien on s en sortir encore l habitude celui qui a tout eu dans sa vie et du jour au lendemain n a plus rien souvient il ne s en remet jamais a méditer. ……

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  8. Clownerie bourgeoise. Ce n’est pas parce que « ça vient du peuple » que c’est bon. Cette attitude est bien plus sournoise que celle dénoncée ici qui serait de dire que Jul c’est de la merde et que de dire ça c’est une attitude méprisante et méprisable. Les coupes de cheveux des footballers, le football en général d’ailleurs, c’est de la merde, le tunning de voiture, c’est de la merde, les clips avec des bagnoles, des flingues, des crétins agressifs et des crétines putoïdes sur fond d’auto-tune c’est de la merde. C’est pas bourgeois de le dire, c’est réaliste. Le rap se fait chié dessus par les moins créatifs qui tiennent le haut du pavé grâce aux radios les plus mercantiles qui soient et c’est très triste.

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      • Encore heureux.

        Si quelqu’un aime, pas besoin de le justifier par une diatribe pseudo marxiste. C’est exactement ce genre de discours qui discréditent les gens qui ont fait des études auprès des autres « ah c’est un intellos, ah il se la raconte avec son savoir de blanc bec conditionné, ah il n’est pas comme nous etc » et de là créer des fossés là où ils n’ont pas lieu d’être. Il faut dépasser ce réflexes idiots. On aime un truc ou on ne l’aime pas. Moi je n’aime pas ces Jul et cie, c’est la lie de la musique, c’est la créativité YouTube qui permet à tout un chacun de chier sur une feuille et de la montrer au monde en disant « regardez ma belle crotte », on peut trouver ça chouette que tout le monde puisse montrer son cul à tout le monde grâce à internet et y’aura toujours des gogos sans goût pour trouver ça joli, ça ne donne pas à ces « oeuvres » un quelconque intérêt artistique, mon petit cousin fait mieux sur sa chaîne youtube. Bref, je trouve cela mauvais, nul et non avenus.

        Mais le pire réside dans le texte qu’on commente présentement et qui crie « je ne comprend rien à cette culture populaire, je ne comprend rien au peuple (déjà c’est quoi le peuple ?), donc dans le doute, comme je suis un gentil humaniste anarcho-éco-rouge j’aime ». C’est moraliste, ridicule et nuisible pour tous ceux qui souhaitent avoir une réflexion libre sur la culture, sans avoir honte de ses manquements que l’on a tous ou de son savoir.

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      • Mais à quel moment je dis que si on n’aime pas Jul on est du côté de la bourgeoisie ? Je crois que c’est un peu plus fin: « Il ne s’agit pas de dire qu’il est obligatoire d’apprécier les morceaux du rappeur, loin de là, mais vomir son dégoût et sa haine à longueur de temps revient à hurler avec les loups ». Et oui je persiste et je signe. T’as totalement le droit de ne pas aimer Jul mais vomir ta haine et dire que ceux qui l’écoutent sont des veaux a quelque chose de méprisant, désolé de te l’apprendre.

        Le texte que tu commentes ne crie absolument pas cela mais continue les procès d’intention. Je ne crois pas que le peuple un et unique existe d’ailleurs mais bon c’est une autre affaire. A aucun moment je ne dis qu’il faut aimer Jul pour être favorable à un autre modèle politico-économique.

        Quant à tes attaques et éléments de langage ridicules sur l’intello blanc-bec tu ferais mieux de les garder pour toi quand tu ne sais pas à qui tu parles parce que t’es juste grotesque là. Avec tous les efforts du monde je ne pourrai pas ressembler à un blanc bec. Tu es d’un mépris absolument magnifique et ça ne fait que confirmer ce que j’écris dans mon papier, merci pour ça

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  9. Un blanc bec c’est un poussin tombé du nid, un individu sans expérience de ce à quoi il s’attaque. Je me doute que tu ne ressemble pas à un poussin, je parlais juste du sentiment que suscite souvent l’intellos chez ceux qui n’ont pas les outils du savoir, les outils universitaire s’entend.

    Je ne parlais pas de toi, rassure toi mais de manière parfaitement générale. Je disais « les » blancs becs.

    Je n’aime pas ce que représente Jul de culture mainstream crétinisante, médiocre et consumériste de même que je n’aime pas le foot.

    Je trouve que les gens qui aiment ça sont des veaux. Je revendique ce mépris.

    Mais les choses sont plus compliqués que ça car certains de mes amis font partie de ces veaux. Il n’empêche qu’à côté de ça ils aiment des choses bien plus intéressante. On évite donc le sujet Jul.

    Je ne suis pas exempt de défauts : Je suis un consommateur enthousiaste des émissions à la con et débilisantes comme « les menuisiers de l’éxtrème », « les chercheurs d’or de l’extrême », « les mécanos de l’éxtrême » etc.

    Je les trouve très intéressantes dans leur manière de représenter le travail pour les masses et leur rôle d’éducation au marché du travail capitaliste mais vertueux.

    Personne n’est parfait.

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    • Et sinon, comme les gens sont tous des veaux (c’est pas très sympa pour les veaux, qui ne vous ont rien fait, enfin, a priori) et aiment « de la merde », dans votre groupe, vous êtes combien, à « analyser le travail pour les masses et leur rôle d’éducation » etc ?

      Vous vous réunissez dans une cabine téléphonique ?

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      • Parce qu’il y’a besoin d’un groupe pour penser maintenant ?

        Sinon je m’excuse auprès de l’auteur et des lecteurs pour le ton de mes commentaires, on ne devrait jamais écrire comme ça.

        C’est juste que l’accusation de mépris qui sous tend l’article peut agacer au réveil d’un samedi matin pluvieux.

        Désolé, ça ne fait pas avancer la réflexion. Même si le fond de ma pensée reste le même hein.

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    • Si tu revendiques ce mépris grand bien te fasse mais je trouve ça dommage de ne pas vouloir au moins essayer de penser contre soi-même. Instinctivement les émissions que tu dis aimer j’aurai tendance à ne pas aimer et je ne les regarde pas mais tu viens de donner une nouvelle lumière à ses émissions par ton approche que je trouve très intéressante.

      Je pense que Jul n’est pas exactement ça mais c’est un débat que l’on peut avoir. Je te répète je trouve ton mépris vraiment dommage et je crois que c’est bien plus ce mépris qui crée un fossé que l’utilisation de Kant ou de tel ou tel philosophe.

      Si mon texte parait snob j’en suis vraiment désolé parce que c’est exactement ce que j’essaye d’éviter. J’ai, selon mon point de vue, la chance d’être né dans une famille modeste et de fréquenter désormais la population d’une école de commerce ce qui permet de voir toutes les fractures comme tu le dis donc ma modeste ambition dans ce blog c’est d’essayer de montrer que l’intello c’est pas celui qui utilise des références littéraires mais qui le fait avec mépris. J’apprécie la musique de Jul tout comme j’apprécie lire Friot ou Marx, je crois pas que ça soit antinomique c’est justement ça que j’essaye de démontrer.

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      • Justement, l’usage de Kant apporte une touche de snobisme à votre texte, bien que ça ne soit pas votre intention. Non pas que le simple fait de l’utiliser soit une forme de snobisme, mais il semble tellement peu pertinent pour votre propos qu’un lecteur s’interroge sur sa présence dans le texte et dans le titre. Comme d’autres l’ont fait remarquer, vous auriez pu utiliser Bourdieu (auteur d’importance et de réputation assez proche) de manière beaucoup plus pertinente ; dans ce cas, il n’y aurait pas eu le moindre soupçon de snobisme de votre part.

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      • Kant ne dit pas que les jugements esthétiques sont objectifs, mais qu’ils sont subjectifs (au sens où ils portent sur la représentation, et non l’objet) et universels. Cette universalité vous dérange, mais je pense que vous pourriez défendre votre thèse en conservant le fait qu’il soit possible d’exprimer des jugements esthétiques objectifs ; dans ce cas, ceux-ci seraient simplement, dans certains cas, sous l’influence de notre position dans le monde social, mais rien n’empêcherait, dans l’absolu, de porter un jugement objectif. Que, dans certains cas, nos jugements artistiques soient biaisés par « qui nous sommes », cela est fort possible, mais que cela soit toujours et nécessairement le cas, c’est plus discutable. C’est d’ailleurs (si je vous ai bien compris) ce que vous défendez dans votre texte : vous émettez un jugement positif et objectif à propos de l’œuvre de Jul et affirmez que ses détracteurs font l’inverse par mépris de classe (ce qui biaise leur jugement esthétique).

        Nous pourrions même nous interroger davantage : est-ce que votre jugement sur Jul n’est pas biaisé par divers facteurs (Marseille, être issu d’un quartier populaire…) ? D’une certaine manière, si nous pensons que les jugements des autres sont biaisés par certains facteurs, pourquoi ne pas penser que les nôtres le sont aussi par d’autres ?

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      • Non ce n’est pas ce que je fais, à aucun moment je ne considère mon jugement comme objectif. Et pour tout te dire je ne crois pas réellement à l’objectivité.

        Mon jugement est totalement biaisé, comme tout jugement. Je crois au déterminisme jusqu’à un certain point et suis très sensible aux théories spinozistes donc oui mon jugement est totalement biaisé par les structures dans lesquelles je suis plongé selon moi (comme pour tout le monde)

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      • D’accord. Mais alors pourquoi reprochez-vous à certains de faire preuve d’un « mépris de classe » puisque, de toute façon, leur jugement est déterminé et ne pouvait pas être autre ?

        Admettons qu’une personne faisant partie des classes populaires affirme « Jul, c’est vraiment nul » (il est fort probable qu’une telle personne existe), comment expliqueriez-vous son jugement ? Dans ce cas, vous ne pouvez pas invoquer le mépris de classe. Comment distinguer les jugements méprisants de ceux qui ne le sont pas ?

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      • Je crois que toute personne qui dit d’une chose qu’elle est de la merde fait preuve de mépris. Tu sais y a des membres de classes populaires qui adoptent les codes d’autres classes c’est déjà arrivé 🙂

        Sur ta première question je crois que c’est en agissant sur les structures qu’on peut modifier les choses. C’est à cet effort que j’essaye modestement de participer

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      • J’avais pensé à cet aspect, mais ça me semble un peu fort de soutenir que dans un tel cas, la personne adopte forcément les codes culturels dominants ; que cela soit parfois le cas, c’est certain (cf. Eribon, « Retour à Reims »), mais ça n’est pas toujours le cas. Ça me semble tout à fait envisageable qu’une personne issue des classes populaires et qui ne renie par « sa » culture n’apprécie pas Jul.

        Et si je dis « les brocolis, c’est de la merde », est-ce que je méprise les brocolis, ou les personnes qui aiment les brocolis ? Je ne pense pas. Je peux avoir des goûts musicaux différents de ceux de mon voisin sans pour autant le mépriser ; ce qui vous dérange, c’est le terme « merde » ou le jugement négatif en lui-même ? Si je dis « Jul n’a aucun intérêt du point de vue artistique », est-ce que c’est tout aussi méprisant selon vous ?

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      • Il me semble qu’il y a une incompréhension entre nous. Je ne dis pas que toute personne qui n’aime pas Jul (ou tartanpion) méprise ses auditeurs.

        Ce n’est pas le jugement négatif en lui-même que j’interroge (si tel était le cas je défendrais moi-même une certaine objectivité d’ailleurs) mais bien plus le caractère odieux et abject de certaines critiques qui sous couvert de critiquer un artiste critiquent et s’attaquent en réalité à ceux qui apprécient ledit artiste. Donc non si tu dis que Jul n’a aucun intérêt du point de vue artistique ce n’est pas méprisant pour moi

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      • Cela dit (bon, ok, je suis chiant), si je te dis « Jul n’a aucun intérêt du point de vue artistique », cela laisse penser que celui qui aime Jul fait preuve de mauvais goût. Or, si mon jugement est déterminé par mon appartenance de classe, est-ce que je ne dis pas, de manière sous-jacente « les classes populaires n’ont aucun goût pour l’art » ? Ce qui serait sans doute méprisant…

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      • Oui peut-être. Après je considère la forme toute aussi importante que le fond. Et dire qu’il n’a aucun intérêt artistique me semble être une affirmation prêtant plus à la discussion que « c’est de la merde »

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  10. Pfiou… Entre les donneurs de leçons quelque peu pontifiants (je n’ai pas dit chiants) et les taureaux furieux, nous v’là servis.

    Je dois être une grande fille toute simple, parce que j’ai (bêtement, sans doute) compris le sens du présent billet : le mépris des dominants (et de tous ceux qui croient en faire partie) pour la ou les cultures populaires a été et est toujours une réalité. Alors on peut l’expliquer avec Kant ou Bourdieu ou Tartemolle, mais on peut aussi le constater concrètement : la preuve, ce fil de commentaires.

    Et si en plus si cette culture vient de la banlieue, du ban de notre pays, alors là… Comme on disait par chez moi, « ça fait quartier ».

    D’Ormesson a eu droit à des funérailles dites « nationales », et Johnny (même s’il n’est qu’une construction marketing, exactement comme Macron) seulement à des funérailles « populaires ». Malgré ses millions. Comme quoi, le pognon n’achète pas tout.

    Quant aux rappeurs, surtout s’ils sont bronzés, pardon « issus de l’immigration » (comme si nous n’étions pas tous, peu ou prou, des immigrés) pas la peine de rêver : leur mort ne fera que deux lignes dans les journaux. Vous comprenez, ma bonne dame, ce n’est pas de l’art …

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      • Pôvre Johnny (enfin, pôvre, façon de parler) même si ses chansons n’étaient pas ma tasse de thé, il fait partie de la culture populaire. Plutôt quadra que jeune, du reste. Pas beaucoup de gamins parmi ses fans. Et les gens ont parfaitement le droit d’aimer ça. Même si je pense qu’à l’occasion de sa mort, comme souvent, la presse déchaînée a un peu beaucoup fait monter la sauce : il vaut mieux occuper le terrain avec les pipeules qu’avec la situation sociale dans notre pays.

        Mais Johnny ne représente pas la culture populaire. Il en fait partie, comme d’autres, et comme le rap. Même si ça vous défrise.

        Sinon, je trouve assez marrant que vous ne répondiez qu’à une toute petite partie de mon commentaire. Un hasard sans doute …

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      • Heureux de vous avoir fait sourire.

        Pour votre commentaire, je n’ai pas grand chose à en dire. Je suis d’accord avec vous concernant la comparaison D’Ormesson/Hallyday.

        Pour le reste, que voulez-vous ? Oui, j’ai bien compris la position que l’auteur veut défendre, mais j’ai aussi envie de la discuter, parce qu’elle est discutable, comme toutes les positions. Le but d’un commentaire, ça n’est pas simplement de poser un pouce vers le haut ou vers le bas, c’est de discuter. Après, oui, je parle de Kant, mais Kant est cité dans l’article (et dans le titre), donc je ne viens pas simplement ramener ma « science » de manière inappropriée. Mais si parler d’un auteur classique et/ou de philosophie en essayant d’être précis, c’est du mépris de classe, alors je ne suis pas d’accord avec vous. D’autre part, je ne vois pas vraiment quelle leçon j’ai pu donner, sauf quelques précisions sur les jugements esthétiques chez Kant ; mais encore une fois, ça avait un rapport direct avec le texte de l’auteur (moins avec le sujet à mon avis, mais c’était justement le débat). Que cela ne vous intéresse pas, je peux le comprendre, mais libre à vous de ne pas le lire. Je crois avoir pris l’article au sérieux et mes commentaires ne sont méprisants pour personne ; l’auteur a pris le temps de préciser certains points, et j’ai trouvé cela très bien de sa part.

        Plus haut, je vous ai demandé si vous défendiez une thèse relativiste au sujet de l’art, vous l’avez visiblement mal pris, comme s’il s’agissait d’un reproche ; alors que pas du tout, c’est une thèse avec laquelle je suis en désaccord, mais le relativisme esthétique est respectable, et défendue par des personnes bien plus compétentes que moi par ailleurs. J’engageais simplement un débat avec vous, que vous avez préféré clore en affirmant que c’était « votre avis » et que la question, de toute façon, ne vous intéressait pas – ce que je peux comprendre.

        Enfin, rien ne me « défrise », comme vous le dites. Je n’ai porté, au cours de cette discussion, aucun jugement sur Jul, Johnny ou n’importe qui d’autre, mon avis n’intéresse personne ici. Je suis venu commenter cette article pour discuter du statut des jugements esthétiques et de l’influence, sur eux, de l’appartenance à une certaine classe sociale. Si cela vous dérange, tant pis.

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      • J’en profite pour préciser un dernier petit point, je préfère qu’on appelle billets qu’articles ce que je produis. J’ai bien trop de respect pour le métier de journaliste

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  11. J’ai récemment découvert Run the jewels, excellent groupe de rap. Je passe le « fais moi un bisou bébé mon amour un gros bisou », c’est de la daube infâme que je méprise et je ne vois pas en quoi on peut nommer ça rap, à la la limite dance-vocoder…

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  12. @Dave aka Raymond la Science (en moins drôle)

    Heureuse de vous avoir finalement mis en rogne.
    Parce que ça prouve que vous n’êtes pas un pur esprit.
    Même si vous n’aimez visiblement pas la langue verte (dommage pour vous, elle est riche, et elle vient de loin, même si elle sent un peu sous les bras).

    Et sinon, le blabla est loin de me déranger, et je ne le prends pas mal, mais simplement ça ne m’intéresse pas, alors, je vous le laisse.

    Bonne soirée. Quand même.

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